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Le journal quotidien du spectacle vivant en France. Critiques, annonces, portraits, entretiens, Off et Festival d’Avignon depuis 1991 ! Siège à Avignon, Vaucluse, P.A.C.A.

« Sizwe Banzi Is Dead », d’Athol Fugard, John Kani et Winston Ntshona (critique de Pierre-Marie Danquigny), cour de l’école de la Trillade à Avignon

Sizwe Banzi est mort, mais Peter Brook

est (bien) vivant

 

Comment parler d’un spectacle où tout est quasiment parfait (sauf les moustiques) ?

 

Cette pièce écrite en 1972 par un des plus grands dramaturges blancs d’Afrique du Sud (Athol Fugard) en compagnie de deux écrivains noirs (John Kani et Winston Ntshona) dénonce d’une façon tragique et ironique l’horreur de l’apartheid, mais, au-delà du local, c’est l’arrogance ridicule du monde blanc qui est moquée et on entend parfois comme l’écho du Shylock de Shakespeare qui affirmait son humanité souffrante. On rit beaucoup et souvent, car ce théâtre s’apparente au théâtre de l’absurde, mais c’est parce qu’il est le reflet d’un monde absurde où un mort a plus de droits qu’un vivant.


Deux grands acteurs incarnent Styles le photographe et Sizwe Banzi : le Malien Habib Dembélé (meilleur acteur du Mali en 1984) commence seul par le monologue de l’ouvrier Styles qui décide un jour de devenir un (grand ?) photographe indépendant et le belge Pitcho Womba Konga le rejoint : pauvre « petit noir » qui veut envoyer une photo à sa femme, mais qui doit abandonner son identité pour échapper à la misère et à son destin.


À 81 ans, Peter Brook est toujours bien vivant et comme toujours il nous fait rire et nous émeut tout à la fois.


Notons que, lors de cette 60e édition du Festival d’Avignon, cette pièce était jouée dans la cour de l’école de la Trillade, c’est-à-dire hors des remparts, dans un quartier populaire, illustrant ainsi (peut-être) la formule : l’universel, c’est le local moins les murs. Notons aussi que malgré la foule qui se pressait ce 26 juillet (avant-dernière représentation) alors que c’était déjà complet, tout le monde est entré (même Marie-José Roig), car on s’est serré et on a ajouté des chaises. Notons enfin que (à ce que l’on m’a dit) des places gratuites étaient données chaque soir aux habitants du quartier.


Je vous le dis : un spectacle quasiment parfait ! 

 

Pierre-Marie Danquigny

Les Trois Coups

www.lestroiscoups.com

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C
Vous pouvez retrouver des images du spectacle Sizwe Banzi est mort sur http://www.lequai.tv/fr/bdd/video_id/201
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