Les masques de la femme
Il m’est arrivé, récemment, de découvrir l’école d’art lyrique de Nadine Duffaut, qui donnait un spectacle charmant, « l’Amour masqué », de Sacha Guitry.
Cette école privée, Vocal Académie, est privée de tout : aucune subvention, tout le monde est bénévole, même si l’encadrement est professionnel. L’école ne tient que grâce aux cotisations de ses élèves : 300 F par an. Chapeau !
C’était la première fois que je voyais le travail de cette équipe et, ma foi, j’ai passé une bonne soirée.
La pièce de Guitry tourne, comme toujours, autour d’histoires d’amour et de sexe, entre hommes et femmes.
C’est frais et pétillant comme du champagne, légèrement poivré par le cynisme piquant de Guitry, édulcorant ainsi ce qu’il pourrait y avoir de convenu dans la pièce. Les rapports entre hommes et femmes ayant beaucoup évolué depuis, le texte « date » quand même un peu.
Wiebke Nolting (Elle), pour la première fois dans un rôle principal, est étonnante de sensualité, de féminité, de grâce et de rouerie, de fluidité dans le chant. Elle réussit à rendre son interprétation « évidente », et je suis sûr que tous les spectateurs mâles n’ont eu d’yeux que pour cette belle femme, que toutes les spectatrices y ont découvert une alliée très précieuse de leur condition féminine.
J. J. Bourgeois (l’interprète) est ébouriffant de drôlerie. Il a le sens du rythme chevillé au corps. En définitive, il assume parfaitement son rôle ingrat, comme un vieux briscard.
Tony Arcas (Lui) joue avec classe le père-fils amoureux et malin.
Le reste de la distribution n’est pas du même niveau, notamment Philippe Pogemberg (le maître d’hôtel), qui a l’air de se demander ce qu’il fait là.
La mise en scène, très travaillée, de Nadine Duffaut est pétillante, enlevée, et les éclairages de Charles Lee s’adaptent parfaitement aux situations dramatiques. ¶
Vincent Cambier
Les Trois Coups
L’Amour masqué, de Sacha Guitry
Mise en scène : Nadine Duffaut
Avec : Wiebke Nolting (Elle), Tony Arcas (Lui), Estelle Payan (1re servante), Florence Bathélémy (2e servante), Philippe Simon (le maharadjah), Denis Jouve (le baron d’Agnot), J. J. Bourgeois (l’interprète), Philippe Pogemberg (le maître d’hôtel), Christine Arnaud, Nicole Pierboni, Hélène Cambe, Nathalie Loggia, René Cambe, Stéphane Marianetti, Philippe Mosnier, David Démolis (les chœurs), Amélie Gros, Laure Viens (les domestiques)
Chorégraphie : Irène Fridici
Danseuse : Natacha Beroin
Éclairages : Charles Lee
Régie : Irène Bonnel
Barocco Théâtre au Big Bang • 18, rue Guillaume-Puy • Avignon
04 90 27 12 71