« Nomades sans ciel » (critique de Vincent Cambier), Théâtre du Chien-qui-Fume à Avignon

Oratorio de la peau en ciel majeur

Si vous voulez voir un spectacle hors normes, laissez venir votre corps jusqu’aux « Nomades sans ciel », présenté par La Centrale, au Théâtre du Chien-qui-Fume.

Les mots du critique sont manchots ou culs-de-jatte pour décrire ce type de spectacle. Tentons néanmoins l’impossible.

À partir d’interviews de Marlon Brando, Serge Gainsbourg, Lolo Ferrari, Jane Birkin, Édith Piaf, Jean Cocteau, Johnny Halliday, Raymond Barre, Fanny Ardant, Coline Serreau, Barbara…, la troupe de La Centrale parle. Surtout avec son corps, ses corps. À nos corps, à vos corps dans la salle. Provocant ? Peut-être. Absurde ? Oh, non !

Il y a longtemps que nous l’avons oublié, notre corps. Que nous lui avons intimé l’ordre de ne pas broncher et d’encaisser notre infernal rythme quotidien. Alors, il ferme sa gueule. Mais il n’en pense pas moins. Parce que, faut pas vous gourer, votre peau, vos nerfs et votre sexe ont une mémoire. Qui enregistre tout.

Alain Berlioux, Yannick Choirat, François Fétizon, Estelle Grynszpan, Gildas Lester, Prune Lichtlé, Laurence Merchet, Séverine Quilichini et Nadia Vadori – on lui doit le moment le plus touchant avec Coline Serreau – célèbrent un offertoire charnel et émouvant, qui vous est délivré avec rage et talent. La rage, parce qu’ils sont dans l’urgence de « dire ». Le talent, parce qu’ils ont beaucoup travaillé et qu’ils sont beaux.

Nadia Vadori a réussi crânement l’impossible : mettre en scène la sensualité de l’âme. Comme c’est son premier opus, c’est dire si l’avenir appartient à cette très belle jeune femme talentueuse, au regard chaud comme le cœur.

En aucun cas, cet oratorio de la peau ne peut vous laisser indifférent.

On devrait dire à toutes les petites filles qu’elles sont jolies, même si c’est pas vrai !

Inventez votre ciel ! Le bonheur, c’est dans le sang ! ¶

Vincent Cambier

Les Trois Coups

www.lestroiscoups.com

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Nomades sans ciel

Mise en scène : Nadia Vadori, assistée de Daniel Berlioux

Le Chien qui fume • 75, rue des Teinturiers • Avignon

04 90 85 25 87

Du 10 juillet au 2 août à minuit (1 h 15)