« On a marché sur le piano » (critique de Vincent Cambier), Le Magasin à Avignon

Piano fou pour deux fêlés

Moi qui ne suis pas spécialement porté vers les spectacles de chansons, je me suis régalé en regardant et en écoutant Christophe Bonzom et Mickaël Guillaume dans « On a marché sur le piano ».

Les deux compères, sidérants d’aisance et d’apparente facilité, nous gratifient d’un répertoire musical de haute tenue : Fossoyeur, Ch’uis dans l’Bottin, la Soûlarde (A. Bruant) ; Ils étaient trois, le Jeu de massacre (H.-G. Clouzot/M. Yvain) ; Son nombril (B. Petit Veau) ; Partie carrée (M. de Lithus) ; les Trottins, le Fiacre (L. Xanrof) ; la Glu (J. Richepin)…

Gilles Kléber fait la preuve par neuf que, avec une mise en scène nerveuse, des éclairages savants, des enchaînements extrêmement rapides, quelques accessoires (ah, les gants de caoutchouc !), pas de décor, très peu d’argent et beaucoup d’invention, on peut produire un très bon spectacle. Qui fait du bien par où ça passe.

Mickaël Guillaume, pianiste talentueux et un peu cinglé (ce n’est pas incompatible !), est un partenaire de jeu étonnant de l’autre fou furieux.

Ce dernier, le dénommé Christophe Bonzom, arbore un physique de héron déjanté croisé d’albatros dubitatif qu’on n’oublie pas, et déploie des mains extraordinaires, dont les gestes sont capables de vous laisser entrevoir des pans entiers d’univers insoupçonnés. Avec une musicalité sans faille, une rouerie et une succulence jubilatoires, il interprète les chansons en véritable comédien. Si on le laisse sévir plus longtemps dans des spectacles divers (tels Petit boulot pour vieux clown, Knock…), on prend le risque, très grave, de se retrouver avec un grand acteur sur les bras. ¶

Vincent Cambier

Les Trois Coups

www.lestroiscoups.com

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On a marché sur le piano

Mise en scène de Gilles Kléber

Le  Magasin • 31, rue des Teinturiers • Avignon

04 90 86 11 33

Du 10 juillet au 2 août, jours pairs, à 22 heures

(1 h 15), relâche les mercredis