Le pur et l’impur
Par Vincent Cambier
Les Trois Coups.com
Créés en mars 2006, en tournée nationale, « les Caprices de Marianne » (Alfred de Musset, mai 1833) ont fait escale à La Criée de Marseille du 2 au 11 novembre 2006. Beau spectacle, mais certains comédiens ne me convainquent pas entièrement.
Dès le début, nous sentons que cette histoire va mal finir : ciel ocre, troué de filaments nuageux rouge sang et maison hérissée de murs et de grilles. Comme un écrin à la tragédie qui s’annonce.
Tragédie, car Cœlio aime sans retour Marianne, mariée à Claudio. Cœlio est un névrosé, suicidaire de l’amour, « heureux d’être fou, fou de n’être pas heureux », comme le qualifie son ami Octave. Octave, double inversé de Cœlio, débauché et cynique parce qu’il ne croit plus en rien, et surtout pas à l’amour. Le pur et l’impur livrent un combat à outrance, dont personne ne sortira vainqueur. Musset ne disait-il pas : « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux » ?
L’écriture de Musset a des résonances aveuglantes avec notre époque. Plus que jamais peut-être, nous sommes assis sur un monde en décomposition. Les politiques ont trahi, nous perdons notre vie à la gagner, l’économie libérale triomphe, les pleutres du sentiment et les médiocres tiennent le haut du pavé, et les passionnés sont ridiculisés, voire humiliés.
Avec les Caprices, Jean-Louis Benoit réalise une bien belle mise en scène, très maîtrisée. C’est fait avec beaucoup de goût et très construit. De même, les décors et les lumières sont raffinés. Mais, à part Vincent Dissez (flamboyant Octave) et Louis Merino (Tibia crédible), les autres comédiens ne dépassent guère de la couverture de mon indifférence. ¶
Vincent Cambier
Les Caprices de Marianne, d’Alfred de Musset
Mise en scène : Jean-Louis Benoit
Avec : Ninon Brétécher, Vincent Dissez, Adrien Michaux, Christian Bouillette, Louis Merino, Martine Bertrand, Marie-Catherine Conti, François Cottrelle, Rémi Sébastien et Stéphane Bientz
Collaboration artistique : Karen Rencurel
Décors : Jean Haas
Costumes : Marie Sartoux
Lumières : Joël Hourbeigt
Son : Jean-Claude Leita
Maquillages et perruques : Paillette
Conseils chorégraphiques : José Maria Alves
Durée : 1 h 40
Théâtre national de Marseille-La Criée • 30, quai de Rive-Neuve • 13284 Marseille cedex 07
Du 2 au 11 novembre 2006
Réservations : 04 91 54 70 54