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5 juillet 2010 1 05 /07 /juillet /2010 20:57

Le bel âge du blues à Vienne, France


Par Jean-François Picaut

Les Trois Coups.com


Tandis que l’orage menace Vienne et que la touffeur d’une fin d’après-midi écrase la ville, la fièvre monte dans le Théâtre romain en attendant la nuit du blues. Toutes ses tendances y seront représentées depuis le blues traditionnel des Music Maker jusqu’au heavy blues de Joe Bonamassa en passant par le métissage blues, soul et funk des Malted Milk.

Samedi 3 juillet 2010

Les sept garçons dans le vent… du Sud américain de Malted Milk nous viennent de Nantes. Leur nom, Malted Milk, est emprunté à une chanson de Robert Johnson et désigne un whisky de contrebande ou frelaté. Le blues de ces jeunes gens, lui, s’est abreuvé aux meilleures sources.

Avec son physique de Français moyen et sa casquette soigneusement vissée sur le crâne, on prendrait facilement son leader, Arnaud Fradin (guitare et chant), pour un de ces pêcheurs du dimanche, nombreux en Val-de-Loire et en Bretagne. Seulement voilà, depuis qu’il est tout jeune, Arnaud Fradin, au lieu de traquer l’ablette ou le goujon sur les bords de l’Erdre, taquine les notes qui s’épanouissent sur les rives du Mississipi.

Le groupe, composé de Yann Cuyeu (guitare), Nicolas Mary (claviers et chœurs), Igor Pichon (basse et chœurs), Gilles Delagrange (batterie), Sylvain « Sly » Fetis (saxophone ténor) et Franck Bougier (trompette), est très homogène et très expressif sur scène. C’est à juste titre qu’ils ont remporté le prix Cognac-Blues-Passions en 2006 et surtout réussi l’exploit d’être finalistes de l’International Blues Challenge de Memphis (2007).

malted-milk jf-picaut

Malted Milk | © Jean-François Picaut

Inaugurant une nouvelle forme de commerce triangulaire, vertueux celui-là, ils nous proposent, ce soir, un programme largement issu de leur troisième et dernier album, Sweet Soul Blues (DixieFrog-2009). Ce disque, dont le titre démarque le célèbre Sweet Soul Music d’Arthur Conley et Otis Redding (1967), a été enregistré au studio Balloon Farm de Rennes. On y entend une sonorité très blues avec un côté soul accentué par la section des cuivres et même, juste retour aux sources, quelques échos du blues mandingue d’Ali Farka Touré. Leur répertoire, composé à parts égales ou presque de reprises et de compositions originales, a d’emblée conquis le public, très réactif.

Les spectateurs frustrés d’avoir dû se contenter d’un set de quarante minutes ont ensuite pu se rattraper au Club de minuit, littéralement plein à craquer. C’est à un véritable changement de génération que nous a ensuite conviés la revue Music Maker 2010. C’est la deuxième fois que la tournée de la Non Profit Music Maker Foundation passe à Vienne. Chaque fois, c’est l’occasion d’entendre des musiciens plutôt âgés, à qui la fondation permet de continuer à exercer leur art dans des conditions décentes, un peu dans l’esprit du Buena Vista Social Club. La fondation et ses musiciens contribuent à maintenir vivante une tradition qui fait intégralement partie du patrimoine américain.

Ce soir encore, nous avons pu entendre des musiciens assez extraordinaires par leur authenticité, leur talent musical et leurs qualités scéniques. La palme en ce domaine revient certainement à Beverly « Guitar » Watkins, 71 ans, une étonnante guitariste et chanteuse, un peu cabotine mais remarquable instrumentiste dotée d’une voix très expressive. On citera ensuite le longiligne Dr Burt avec sa guitare à 12 cordes et sa voix rodée dans d’innombrables cabarets, compagnon des plus grands bluesmen, dont Bo Diddley. Et, bien sûr, on n’oubliera pas la superbe Pat Cohen dont la magnifique perruque bleu fluorescent ne doit pas éclipser les qualités vocales.

La soirée miraculeusement épargnée par l’orage, si l’on excepte quelques gouttes, se terminait par la prestation de Joe Bonamassa fiévreusement attendu par ses fans, surtout féminines. Entre blues et rock, dans ce genre que certains appellent « heavy blues », Bonamassa et ses musiciens ne craignent pas de déverser des tonnes de décibels. Cela n’empêche pas d’admirer la formidable technique du leader à la guitare. Il en change à chaque morceau, mais la plus spectaculaire était sans doute la rouge à double manche avec laquelle il a ouvert le concert. La voix aussi, plutôt haut perchée et puissante, exerce un certain attrait. On la préfère dans les ballades. Véritable bête de scène déroulant toute la gestuelle des rock stars, Joe Bonamassa a conclu la soirée devant un public ravi qui l’a longuement acclamé, debout. 

Jean-François Picaut


Festival Jazz à Vienne (38), 30e édition, du 25 juin au 9 juillet 2010

Festival Jazz à Vienne • 21, rue des Célestes • 38200 Vienne

Tél. 04 74 78 87 87

Fax 04 74 78 87 88

Renseignements : www.jazzavienne.com

Billetterie : billetterie@jazzavienne.com

Commandez en ligne et imprimez vous-mêmes vos billets à domicile.

Infoline : 0892 702 007 (0,34 euros/min)

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