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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 12:20

Sur une émission
de télévision


Par Vincent Cambier

Les Trois Coups.com


Je suis en train de lire « Seul avec tous », de Laurent Terzieff (« Livre de poche », nº 32239), ce très grand monsieur du théâtre. Sa pensée est tellement juste, tellement belle, tellement revigorante que j’ai décidé de vous en faire profiter par épisodes via « les Trois Coups ».

seul-avec-tous-terzieff-300CARICULTURE * à la télé : trois livres en trois minutes.

Lévinas : surpris, assailli, submergé par la vitesse de l’interrogatoire, l’auteur a vu sa pensée réduite à l’insignifiance. Il a dû trouver la force et la présence d’esprit nécessaires pour ne pas collaborer à cette simplification de lui-même : admirable résistance.

Partisans et adversaires de la culture sur le petit écran : débat débile et pseudo-querelle.

« Il faut être bref, efficace, simple. »

Ce qui veut dire en clair substituer à l’activité méditative – pour des questions au monde – un jeu de réponses hâtives et banales.

Bref, la télévision propose aujourd’hui à la culture deux morts possibles : l’effacement pur et simple ou la constitution en clichés.

Approximations et réductions sont-ils le prix à payer pour déconfiner la vie intellectuelle et lui ouvrir une nouvelle audience ?

On n’élargit pas le public d’une œuvre en exhibant son auteur et en le frustrant simultanément de toute possibilité d’expression.

Un écrivain qui parle au sifflet, surveillé chrono en main par un journaliste-entraîneur dont la fonction semble être de lui apprendre à accélérer son débit et à raccourcir ses phrases, c’est la culture anéantie sous l’alibi de la culture mise à la portée de tous.

Élitisme et démocratie, dans ce cas, sont des mots piégés qui nous enferment dans une fausse alternative – et s’il faut absolument choisir, il devient plus urgent de protéger la vie de l’esprit contre sa propre caricature que de la protéger en la défigurant.

Sous prétexte d’intelligibilité, les paradoxes sont éliminés, frottés, reniés, absorbés dans le déjà-vu du stéréotype – et le régime de l’opinion est encore renforcé par cela même qui devrait l’affaiblir.

Laurent Terzieff

Les Trois Coups


* C’est Laurent Terzieff lui-même qui met des majuscules.

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