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Le journal quotidien du spectacle vivant en France. Critiques, annonces, portraits, entretiens, Off et Festival d’Avignon depuis 1991 ! Siège à Avignon, Vaucluse, P.A.C.A.

« L’Illusionniste », de Sacha Guitry (critique de M.-A. L.M.), Théâtre du Ranelagh à Paris

Philippe Stellaire, gentleman cambrioleur…

de cœurs

 

L’année de la révolution russe, en plein milieu de la Grande Guerre, Guitry donnait à voir « l’Illusionniste », une énième pièce traitant des problématiques liées aux relations hommes-femmes. La dernière production parisienne de cette pièce date d’il y a plus de vingt ans. Voici, aujourd’hui, une formidable occasion de redécouvrir ce texte divertissant, jusqu’au 14 juillet, au Théâtre du Ranelagh.

 

illusionnistePaul est un tombeur, un séducteur. Un vrai. Paul, magicien de son état, a ce qu’on appelle « la grande classe » et fait, tous les soirs, après chaque représentation, son petit marché parmi les femmes présentes dans l’assemblée ou ailleurs. Paul est un artiste, un vrai, un illusionniste, un bourreau des cœurs : celui de femmes qu’il fait disparaître aussi vite qu’elles sont apparues dans sa vie…

 

Ce n’est pas un secret : Guitry s’autoproclamait (et s’est toujours vu être auréolé du glorieux titre de) grand spécialiste de la gent féminine. Bien. Ne serions-nous pas en droit, au-delà des qualités textuelles et dramaturgiques dont l’auteur aura toujours su faire preuve, de remettre en cause certaines de ses conceptions et donc de constater que sa manière d’aborder les choses est désormais obsolète ? Oui : Guitry a pris un coup de vieux. Car, en ce qui concerne l’auteur de l’Illusionniste, il n’est que trop réducteur de marteler qu’absolument toutes les femmes sont universellement et incontestablement les mêmes, faciles à deviner, prévisibles et semblables ou que tous les hommes sont en proie à des fonctionnements émotionnels strictement communs. C’est certes amusant (un peu), et on connaît l’adage « Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus », mais avouons que c’est un peu limité et que ce discours tenu de manière systématique, quoique divertissant, n’en demeure pas moins assez lassant.

 

Le Théâtre du Ranelagh est encore plus beau qu’il y a quelques années. Un vrai bonheur. Impossible, en somme, de ne pas se délecter d’un environnement cossu et du confort moelleux de cette salle, autrefois insupportable tant les sièges y grinçaient. L’endroit se prête parfaitement au sujet, au propos, à la pièce et à son époque. Il offre un formidable écrin au joli travail de mise en scène de Tristan Petitgirard.

 

Philippe Stellaire ne s’en sort vraiment pas mal dans cette interprétation d’un illusionniste-tombeur-charmeur plutôt irrésistible. De très belles ruptures, particulièrement nécessaires et attendues chez des comédiens jouant du Guitry, donnent à entendre un texte rythmiquement aiguisé. Franchement, on ne peut pas dire que ce soit si fréquent. L’exercice n’étant nullement des plus aisés (contrairement à ce que l’on pourrait croire), rendons à César ce qui lui revient de droit.

 

Même si scénographie et costumes respirent clairement les années 1920, une petite pointe de modernité dans la technique de certains comédiens, dans la manière d’aborder leur personnage et le soin apporté au naturel dans leur gestuelle n’auraient cependant pas été de trop. Mlle Sandra Valentin est, quand à elle, délicieusement juste et piquante.

 

Encore une fois, voici une pièce accessible, amusante, qui vous fera voyager à une autre époque, au cœur d’un univers emprunt de séduction voluptueuse… même si vraisemblablement exotique par rapport aux problématiques sentimentales contemporaines. Et peu importe : une pièce à consommer sans modération aucune. Guitry comme divertissement intelligent : oui, voilà qui est approprié. Et dans la légèreté ! 

 

M.-A. L.M.

Les Trois Coups

www.lestroiscoups.com 


L’Illusionniste, de Sacha Guitry

Mise en scène : Tristan Petitgirard

Assistante à la mise en scène : Stéphanie Souffir

Avec : Philippe Stellaire, Sandra Valentin, Cybèle Villemagne, Tristan Petitgirard, Lucie Bataille, Hervé Rey, Christophe Canard

Création costumes : Chloé Olivi et Mélisandre de Serres

Décors : Olivier Prost

Lumières : Denis Schlepp

Musique : Laurent Petitgirard

Conseil magie : Laurent Beretta

Production : Label Compagnie

labelcompagnie@gmail.com

Théâtre du Ranelagh • 5, rue des Vignes • 75016 Paris

Renseignements : 01 42 88 64 88 / 44

www.theatre-ranelagh.com

Métro : Muette / Passy, RER C : Boulainvilliers, Bus : 52 / 22 / 32

Jusqu’au 14 juillet 2010, du mercredi au samedi à 21 heures, dimanche à 17 heures, relâche le lundi

Durée : 1 h 30

10 € | 32 €

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S
<br /> <br /> Désillusion ! Ne vous faites pas d'illusions, cette pièce n'a "d'illusionniste" que le titre, pour la pièce de Guitry, il faudra attendre une prochaine fois. J'ai trouvé le tout<br /> pas au point du tout. Désolé, les comédiens n'étaient pas à la hauteur, ce n'était pas crédible un instant. Un si beau texte pourtant et dans un si beau théâtre...<br /> <br /> <br /> <br />
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