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Le journal quotidien du spectacle vivant en France. Critiques, annonces, portraits, entretiens, Off et Festival d’Avignon depuis 1991 ! Siège à Avignon, Vaucluse, P.A.C.A.

« Les Dessous de la vie », de Maxime Costa (critique), La Manufacture des abbesses à Paris

Des dessous noirs et hilarants


Par Élise Noiraud

Les Trois Coups.com


Dur dur, pour un spectateur, de s’enfermer dans une salle de théâtre le soir de la Fête de la musique, quand tout Paris résonne d’accords maladroits de guitare amateur, et d’échos bruyants de concerts en plein air. Dur dur, pour les comédiens, ayant quand même fait le pari de jouer, de transporter leur public dans un ailleurs convaincant. Peut-être que ces conditions rendent encore plus réussie la performance de Maxime Costa et de ses compères, qui signent avec « les Dessous de la vie » un spectacle original, généreux et très drôle. En un mot, une vraie réussite.

dessous-de-la-vieIl est difficile de définir les Dessous de la vie. Spectacle « à scènes » ? Spectacle « à sketchs » ? Oui, un peu tout ça, mais surtout bien plus que ça. Maxime Costa, auteur et metteur en scène de la pièce, a signé une série de textes courts donnant vie à des personnages décalés, loufoques, proches de nous, mais avec une étincelle de folie qui les rend tous follement drôles. On pourrait tomber dans un énième spectacle avec succession de sketchs, dans une forme sympathique mais sans plus. Pourtant, les Dessous de la vie font mouche. Et dégage quelque chose de bien plus intéressant qu’un simple exercice de style pour jeunes comédiens.

Et il semble évident que la première qualité de ce spectacle inclassable, c’est sa matière textuelle. Maxime Costa témoigne, dans ses écrits, d’une acuité de regard, d’une finesse vraiment très réjouissantes. Son texte n’est pas sans rappeler, parfois, les Monstres de Dino Risi. Des « Monstres » à la française, avec leur folie propre, et souvent clairement reliés à notre époque et ses dérives. Tel un très bon auteur de bande dessinée, Maxime Costa croque en quelques traits, précis et sans concession, des personnages un poil caricaturaux. Juste assez pour faire rire, juste trop pour nous glacer. Car l’humour, ici, va plutôt chercher du côté du sombre, voire du très sombre. Et ce qui frappe le plus, dans la plume de ce jeune auteur, c’est la sensation d’être face au travail de quelqu’un qui, avant d’écrire, sait se taire, et observer ses congénères. C’est peut-être ce sens de l’observation qui permet à son texte de ne jamais tomber dans la facilité et de demeurer toujours pertinent.

Mais cette belle matière ne serait rien sans l’interprétation impeccable des trois jeunes comédiens. Maxime Costa en tête, le bougre ! Auteur, metteur en scène et comédien, autant dire que la responsabilité de ce spectacle lui incombe essentiellement. Et cette triple casquette est brillamment portée par celui qui, incontestablement, sait créer une équipe, et la faire jouer ensemble. À ses côtés, Jeanne Bonenfant et Hugo Brunswick sont tout simplement excellents, et leur joie manifeste n’a besoin que de quelques instants pour être pleinement communicative. C’est un plaisir de les voir interpréter avec finesse et humour ces personnages toujours légèrement décalés.

Voici donc, pour résumer, un spectacle d’une simplicité remarquable et d’une efficacité implacable. Porté par l’énergie de cette belle équipe, il offre un moment de rire intelligent, très noir car très juste. Une belle salle, bien pleine, lui reviendrait désormais de droit. 

Élise Noiraud


Les Dessous de la vie, de Maxime Costa

Compagnie de la Forêt

06 77 18 62 69

compagniedelaforet@yahoo.com

Mise en scène : Maxime Costa

Avec : Maxime Costa, Jeanne Bonenfant, Hugo Brunswick

La Manufacture des abbesses • 7, rue Véron • 75018 Paris

Réservations : 01 42 03 42 03

Du 10 mai au 1er juillet 2010, du lundi au jeudi à 21 heures, relâche les 24, 25 et 27 mai 2010

Durée : 1 h 10

24 € | 13 €

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