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Le journal quotidien du spectacle vivant en France. Critiques, annonces, portraits, entretiens, Off et Festival d’Avignon depuis 1991 ! Siège à Avignon, Vaucluse, P.A.C.A.

Entretien avec Esteban Perroy, fondateur de l’École française d’improvisation théâtrale (ÉFIT) à Paris (réalisé par Praskova Praskovaa), suite

colorsLes Trois Coups. — Quel type de public est touché par ces spectacles d’improvisation ?

Esteban Perroy. — Depuis quelques années, l’improvisation se développe. La cible du public était plutôt sur des 15-40 ans urbains venant des sphères estudiantines, des professions libérales ou intellectuelles supérieures. Heureusement, on assiste peu à peu à une vulgarisation de cet art au sens noble du terme. Il intéresse de plus en plus le grand public, c’est pour cela qu’on essaie dans nos spectacles d’être le moins élitiste possible. En ouvrant notre champ d’impact, on mélange l’improvisation à la musique, parfois à la danse et à la performance scénique, en expérimentant l’ensemble dans une exigence de qualité. Il ne faut surtout pas confondre un spectacle d’improvisation avec un simple sketch, ce qui fait beaucoup de tort à l’improvisation quand elle est pratiquée de manière trop « amateur », en spectacle professionnel j’entends… Évidemment, c’est merveilleux toutes ces ligues d’amateurs, et ces groupes de jeunes improvisateurs qui proposent des spectacles toutes catégories. La discipline en est renforcée, et cela étend l’esprit de l’improvisation et sa notoriété. Mais, quand on a des prétentions professionnelles en termes de rendu et de spectacle, il est nécessaire de présenter un concept, une soirée avec une exigence minimale en matière de qualité et d’expérience des comédiens. Cela, dans un vrai cadre qui va faire qu’on assiste à un vrai spectacle théâtral, d’envergure.

 

Les Trois Coups. — Quelle part de marché occupe cet art en plein développement ?

Esteban Perroy. — Justement, on a vu se multiplier depuis quelques années des groupuscules d’improvisation, et on a assisté à un morcellement incroyable de la proposition artistique en termes de représentations d’improvisation à Paris ; au contraire, moins en province, car les ligues se sont soudées pour pouvoir exister, ayant un public moins nombreux. Par ailleurs, il y a eu prolifération de spectacles gratuits sur les sites Internet. Situés dans des péniches, dans des bars avec des surprises formidables, mais parfois avec des spectacles douloureux qui desservent l’image de l’improvisation et ne l’aident en aucun cas à acquérir ses lettres de noblesse.

 

colors2-equipe-de-Colors-le-spectacle-dimprovisation

L’équipe de « Colors », le spectacle d’improvisation 

 

Les Trois Coups. — Comment votre spécialité est-elle perçue par les cercles élitistes du théâtre classique ?

Esteban Perroy. — C’est effectivement ce que je viens d’exprimer. On a parfois de la part de ces cercles élitistes une considération mitigée de notre particularité, voire de sous-art, qui est lié, je ne le conteste pas, à un certain laisser-aller ou un amateurisme trop souvent constaté. On ne peut donc les en blâmer. La seule chose qu’on peut faire pour défendre notre art, c’est d’apporter l’improvisation dans des théâtres prestigieux, tel le Casino de Paris ou le Gymnase, et de proposer des spectacles dont le prix est le même que ceux qu’on va voir à La Madeleine ou aux Variétés. Ce n’est pas parce que l’improvisation est un art spontané qu’il ne doit pas être cadré. À l’intérieur d’une structure maîtrisée, quoi de plus extatique que de surprendre, dans des sessions en direct, mais cela en étant à l’intérieur d’une proposition artistique précise.

 

Les Trois Coups. — Quels sont vos projets pour cette l’école ?

Esteban Perroy. — Aujourd’hui, on travaille de plus en plus avec le monde de l’entreprise. On pense qu’il y a une nécessité croissante à mettre en place des formations où l’on remet l’individu au cœur du système et non l’inverse. Par ailleurs, on continue de développer nos spectacles. Cette année, on joue tous les dimanches au Théâtre du Gymnase avec Colors, qui par chance a des retours professionnels positifs et commence à fonctionner grâce à notre détermination. Chaque semaine, nous invitons un comédien confirmé et reconnu, tel Laurent Gamelon, Alain Bouzigues, Bérénice Béjo, etc. Cela nous permet de poursuivre notre travail de crédibilisation dans notre proposition artistique. D’autres spectacles, comportant des défis d’improvisation, sont prévus dans de grandes salles avec des musiciens et quelques projets télé en prime.

 

Les Trois Coups. — Une citation qui vous porte ?

Esteban Perroy. — Avant-hier, j’ai rencontré un comédien, Franck de Lapersonne. On a beaucoup échangé sur notre métier, et il m’a dit une phrase qui résonnait en moi depuis des années, je le cite : « Je crois que notre devoir est celui de l’incandescence ». J’assume aujourd’hui que nous avons un devoir d’incandescence. 

 

Entretien réalisé par

Praskova Praskovaa

Les Trois Coups

www.lestroiscoups.com


École d’improvisation théâtrale française (ÉFIT)

Contact : 06 85 35 35 82

http://www.improvisation.org

Colors

Un spectacle conçu et produit par Esteban Perroy et Franck Porquiet

Avec une sélection de comédiens issus de l’École française d’improvisation théâtrale et chaque semaine un invité de renom

Théâtre du Gymnase • 38, boulevard Bonne-Nouvelle • 75010 Paris

01 42 46 79 79

http://www.theatredugymnase.com/contact.html

Métro : Bonne-Nouvelle

Tous les dimanches à 20 h 45

22 € | 18 €

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