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Par Les Trois Coups
Le hip-hop de masse
Par Fatima Miloudi
Les Trois Coups.com
L’Arena, tel un bateau de lumière dans la nuit montpelliéraine, sera-t-elle le nouveau lieu de rassemblement des foules ? Avec la finale internationale du « Battle of the Year » (BOTY 2010), qui a rassemblé le 20 novembre 2010, tous les férus de danse urbaine autour des dix-neuf plus grands crews mondiaux, L’Arena se préparait au grand show.
« Battle of the Year » | © William K
Sans conteste, le Zénith, qui avait reçu la finale française sur sa scène en mai, n’était pas en mesure d’accueillir les quelques 11 000 spectateurs attendus. Heureusement, pourrait-on croire, la grande salle de L’Arena, dernière née de la pensée culturelle industrielle, a réussi le pari de les caser. Un parterre gigantesque, des gradins à perte de vue, tout là-bas, au loin. Une zone « presse » si bien pensée qu’elle n’a permis de voir, par l’interstice laissé libre entre les corps des danseurs faisant face à l’équipe adverse, que quelques moments volés.
On s’attendait à du lourd ! Côté technique médiatique, on a été gâté. Des écrans géants sur le plateau matraquaient, à coups de diptyques, prises de vues de face ou en contre-plongée, le tout baignant dans un flou artistique. D’autres écrans, malheureusement les bienvenus, forçaient à redresser la tête pour pouvoir profiter des figures acrobatiques ou autres exploits des B-Boys. Si les breakdancers peuvent aujourd’hui se glorifier d’une large percée et d’un accès au grand public, une telle salle, aux dimensions frôlant la démesure, risquerait, à long terme, de les conduire au nadir. Enfin, ce soir-là, pour savourer le spectacle, il aurait mieux valu rester chez soi et suivre « Canal Street ».
En somme, les conditions n’étaient guère réunies pour profiter en direct du talent des équipes venues des quatre coins du monde. Cinq juges, parmi les meilleurs danseurs – Pelezinho (Brésil), Ronnie (USA), Katsu (Japon), Mounir (France), Storm (Allemagne) – ont déterminé, après une première phase éliminatoire, les demi-finalistes et les finalistes. Malgré le soutien du public, La Smala, crew bordelais adulé, n’aura pas gravi l’ultime place. Et c’est la Corée, déjà victorieuse avec Les Gamblerz au BOTY 2009, qui a réitéré sa performance avec le Jinjo Crew.
De beaux moments
Si l’on réussit à mettre de côté une ambiance de champ de foire avec des Masters of Ceremony (MC’s) hurlant dans leur micro, on peut retenir de beaux moments : la vague humaine de la Grèce avec les corps allongés au sol se soulevant comme une onde ; le mouvement de toupie – le corps à la verticale reposant sur deux mains – repris à l’envi par les différents crews ; les pas quasi à l’horizontale sur le dos d’un danseur effectués par un B-Boy du Big Toe (Vietnam).
En bref, c’est toute une surenchère qui doit permettre de juger de la stratégie et de l’esprit des équipes adverses. C’est le crew capable d’exceller dans la trame des figures imposées qui emporte l’adhésion. Toujours impressionnantes quand elles jouent de la surprise et de l’exploit, les chorégraphies d’ensemble pèchent néanmoins par la présence d’un scénario trop basique, et, l’aspect répétitif, au fil des heures, finit par lasser. Heureusement, les battles opposant les individualités, dans le face-à-face de l’adversité, captivent davantage. Quel dommage, tout de même, que la configuration du lieu ait atténué à ce point ce pour quoi il a été conçu : le spectaculaire ! ¶
Fatima Miloudi
21e International Battle of the Year
Résultats de la compétition internationale de danse urbaine :
– 1er : Jinjo Crew (Corée)
– 2e : Mortal Combat (Japon)
– 3e : Gamblerz (Corée)
– 4e : La Smala (France)
Le plus beau show : Mortal Combat (Japon)
Réseau de ventes : FNAC, Carrefour, Géant, Auchan, Cora, Cultura, E. Leclerc, Virgin
Samedi 20 novembre 2010 de 16 h 30 à 1 heure
29,50 € | 25 €
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