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Le journal quotidien du spectacle vivant en France. Critiques, annonces, portraits, entretiens, Off et Festival d’Avignon depuis 1991 ! Siège à Avignon, Vaucluse, P.A.C.A.

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Benjamin Millepied et George Balanchine (critique), Opéra de Lyon

Une danse sans faux pas


Par Élise Ternat

Les Trois Coups.com


Quel rapport existe-il entre le célèbre chorégraphe américano-russe George Balanchine et le Français Benjamin Millepied, récemment rendu célèbre pour sa participation chorégraphique au film « Black Swan » de Darren Aronofsky ?

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« Concerto barocco » | © Michel Cavalca

Pour le savoir il faut aller chercher du côté du New York City Ballet, prestigieuse compagnie formée par le premier, et où le second fut interprète. Ce n’est donc pas un hasard si l’Opéra de Lyon a choisi de consacrer une soirée à ces deux grandes figures de la danse, proposant à ses spectateurs une immersion spatiale et temporelle du côté de la côte Est des États-Unis. Interprétées par les danseurs du ballet de l’Opéra de Lyon, les trois pièces présentées constituent une occasion pour comprendre les influences et apprécier la dextérité du jeune chorégraphe dans un registre contemporain empreint d’influences classiques.

C’est le Concerto barocco qui ouvre la danse avec un ballet pour onze danseurs. Crée en 1941, cette pièce signée George Balanchine, figure du renouvellement de la danse classique, résonne aujourd’hui comme une onde de choc pour tout amateur de danse contemporaine. Car, ici, les ballerines composent des alignements en colonnes telles les parfaites exécutantes de la partition du Concerto pour deux violons en ré mineur de Jean-Sébastien Bach. Dans une troublante uniformité, les corps se déploient au fil de chorégraphies réglées au millimètre. Des formes géométriques se créent, semblables à des architectures, dans une précision si grande qu’elle en devient parfois effrayante. Le rythme est vif, voire sautillant, parfois plus lyrique, mais empli d’une vivacité permanente.

Quant à la scénographie, dépouillée, elle consiste en un fond de scène d’un bleu spectral, dont la tonalité renforce l’aspect magnétique, irréel et quelque peu suranné de l’ensemble. Les danseurs du ballet de l’Opéra de Lyon excellent dans cet exercice de style d’un autre temps.

À l’issue d’un premier entracte, les deux moments qui suivent sont chorégraphiés par Benjamin Millepied. En digne héritier de George Balanchine, il signe ici deux pièces d’une singulière virtuosité avec, en supplément, une fraîcheur propre à la danse contemporaine. La première est intitulée Sarabande, en référence à la danse espagnole en trois temps, très prisée à la Renaissance notamment. Le ballet est composé de sept séquences construites une nouvelle fois sur des morceaux de Jean-Sébastien Bach. En adéquation avec Nicolas Gourbeix quand il s’agit de violon ou de Julien Beaudiment lorsque la flûte est à l’honneur, les quatre danseurs opèrent selon différentes combinaisons, une suite d’exercices savants affichant maîtrise et technicité. Danse et musique se répondent à la perfection dans une ambiance incroyablement décontractée, lumineuse et sereine.

Enfin, la dernière pièce This Part in Darkness, opère un véritable basculement par rapport à ce qui précède. L’ambiance y est tendue, sombre et puissante. Les choix scénographiques, tels que les projecteurs de cinéma associés aux tenues grises des danseurs, donnent un rendu froid et élégant, évoquant par des successions de duos ou de trios les aléas des rapports humains modernes, renforcés par la musique bruitiste du compositeur David Lang. C’est un martèlement continu qui compose les rythmes sonores ; répétitifs et obsédants, ils s’associent à des ambiances visuelles tranchées attestant de partis pris francs. Les danseurs exécutent avec une rapidité pleine d’urgence une série de mouvements qui, là encore, brillent d’une remarquable énergie. L’esthétique très urbaine témoigne d’une grande modernité dans les choix de Benjamin Millepied.

Ce voyage chorégraphique en côte Est est l’occasion d’une mise en écho d’univers forts et tranchés. En s’affranchissant du maître Balanchine, le chorégraphe Benjamin Millepied ne cesse de s’en inspirer. Entre diversité, talent et efficacité, ses créations incarnent la rencontre parfaite entre la danse et la musicalité. 

Élise Ternat


Concerto barocco, de George Balanchine

Chorégraphie : George Balanchine

Interprétation : Karline Marion, Julia Carnicer, Simon Feltz, Marie-Læticia Diederichs, Aurélie Gaillard, Cælyn Knight, Sora Lee, Coralie Levieux, Ruth Miro Salvador, Elsa Montguillot de Mirman, Agalie Vandamme

Musique : Jean-Sébastien Bach, Concerto pour deux violons en ré mineur (BWV1043)

Répétitions : Nanette Glushak

Ballet pour 11 danseurs créé en juin 1941 par l’Américan Ballet Caravan à New York, révisé en 1948 pour le New York City Ballet

Entrée au répertoire

Durée : 20 minutes

Sarabande, de Benjamin Millepied

Chorégraphie : Benjamin Millepied

Interprétation : Randy Castillo, Harris Gkekas, Franck Laizet, Raul Serrano Nuñez

Musique : Jean-Sébastien Bach, extrait de la Partita pour flûte seule et des Sonates et Partitas pour violon seul

Interprétées en direct par Nicolas Gourbeix, violon ; Julien Beaudiment, flûte de l’orchestre de l’Opéra de Lyon

Costumes : Paul Cox

Lumières : Roderick Murray

Répétitions : Charlie Hodges

Ballet pour 4 danseurs créé en novembre 2009 par la compagnie Danses concertantes

Entrée au répertoire

Durée : 24 minutes

This Part in Darkness, de Benjamin Millepied

Chorégraphie : Benjamin Millepied

Interprétation : Raul Serrano Nuñez / Karline Marion, Simon Felz / Coralie Levieux, Julian Nicosia / Agalie Vandamme, Randy Castillo, Thomas Gallus, Carlos Laiñez Juan, Pavel Trush, Denis Terrasse, Misha Kostrzewski, Elsa  Montguillot de Mirman, Ruth Miro Salvador, Sora Lee, Cælyn Knight, Mariane Joly

Musiques : David Lang, Pierced ; Max Richter, Journey 5 et Infra 5

Costumes : Paul Cox

Lumières : Roderick Murray

Vidéo : Benjamin Millepied, Olivier Simola

Répétitions : Charlie Hodges

Ballet pour 16 danseurs, créé en avril 2011 par le Pennsylvania Ballet à Philadelphie

Nouvelle version pour le ballet de l’Opéra de Lyon

Durée : 22 minutes

Du 17 au 23 décembre 2011 à 20 h 30, le dimanche à 16 heures

Opéra de Lyon • place de la Comédie • 69001 Lyon

www.opera-lyon.com

Réservation : 08 26 30 53 25

46 € | 36 € | 23 € | 15 €

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