« Bistro ! », de Sylvie Audcœur et Marie Piton (critique), Théâtre de l’Œuvre à Paris

02.12.2011

Des copines à l’Œuvre

Par Olivier Pansieri

Les Trois Coups.com

Un « Bistro » écrit et joué par Sylvie Audcœur et Marie Piton, dont les dialogues tiennent plus du goutte-à-goutte que du haut débit, et n’enivrent guère. Des chansons et le charme du Théâtre de l’Œuvre font toutefois qu’on somnole agréablement.

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« Bistro ! » | © D.R.

Jo, fille et petite-fille de Russes blancs, doit fermer le bistrot familial promis à la démolition. Camille, la demi-sœur délurée, Fred, l’amoureux transi, trop timide pour avouer sa flamme, puis « Frisée aux lardons » (impossible de me rappeler son vrai prénom), l’ancienne serveuse, l’aident à mettre en carton les souvenirs.

Ah si ! ça y est : Anne-Rose. Tel est le prénom de la troisième dame, celle qui a fauté jadis avec le patron, père de Jo. Quand elle l’apprend, vingt ans plus tard, cette dernière chasse Anne-Rose, ce qui déclenche la scène, qu’à vrai dire on attend depuis le début, entre les deux demi-sœurs ennemies, aussi dissemblables que Jeanne d’Arc et Barbarella.

Qu’on se rassure, tout finira bien. Jo pardonnera à Anne-Rose, Camille et Jo se rabibocheront, Fred osera se déclarer. On le voit, l’intrigue tiendrait sur un timbre-poste. Quant aux personnages, ils ont l’épaisseur de l’enveloppe qui va avec. Un défi pour nos interprètes, tous pourtant expérimentés, qui peinent à faire croire aux enjeux de cette bluette.

Rien n’y fait, on se barbe.

Sylvie Audcœur campe, stoïque, sa « psychofrigide », Marie Piton se démène comme une belle diablesse, Michèle Simonnet va jusqu’à grimper sur le comptoir pour doper son texte un rien nouille. Enfin, Alexis Desseaux atermoie et bredouille impeccablement. Rien n’y fait, on se barbe.

Restent les chansons, dont certaines sympas comme Aimer ou Funambule, fort bien mises en musique par Patrice Peyriéras. Des airs, des duos, et même un canon (normal, dans un bistrot) qui émaillent la soirée de leur poésie. C’était Benoît Urbain, l’autre soir, qui accompagnait avec grâce tant au piano qu’à l’accordéon. Il sait faire. Desseaux manque de voix, mais chante juste ; les autres se débrouillent.

En metteuse en scène avisée, Anne Bourgeois a cherché à « tchékhoviser » tout ce qui pouvait l’être. Elle y réussit quelquefois, notamment vers la fin. Gentil décor d’Édouard Laug, très « Amoureux de Peynet », avec toutefois un comptoir qui semble bien neuf pour le cher vestige qu’on nous dit : 1917, c’est bientôt un siècle, tout de même ! Le spectacle, lui-même encore en rodage, devrait rapidement se caler. Faisons confiance à ces dames, et à leur chevalier servant, pour donner du punch à ce breuvage. Il devrait alors se laisser boire. Sans craindre le mal de tête. ¶

Olivier Pansieri

Bistro !, de Sylvie Audcœur et Marie Piton

Mise en scène : Anne Bourgeois

Assistante : Clémentine Pons

Avec : Sylvie Audcœur, Marie Piton, Michèle Simonnet, Alexis Desseaux

Musique : Patrice Peyriéras

En alternance au piano et à l’accordéon : Patrice Peyriéras, Sébastien Debard, Benoît Urbain

Décors : Édouard Laug

Lumière : Laurent Béal

Costumes : Alexandre Konwinski

Avec le soutien de l’association Beaumarchais-S.A.C.D.

www.theatredeloeuvre.fr