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Par Les Trois Coups
La vie passionnée d’Évelyne B.
Par Céline Doukhan
Les Trois Coups.com
Après le jeune quatuor Arranoa, le Festival de l’Épau a permis aux spectateurs de découvrir un autre talent prometteur : la pianiste Évelyne Berezovsky, fille du grand Boris.
Est-elle flattée ? Exaspérée ? Indifférente ? Sans doute habituée, en tout cas. Évelyne Berezovsky a 23 ans et une ascendance un brin encombrante puisqu’elle est la fille de Boris Berezovsky, dont la réputation n’est plus à faire. Qu’importe, la pianiste a sa personnalité, comme le souligne, en guise de mot d’excuse, l’organisatrice du concert : en effet, la musicienne a décidé, au dernier moment, de changer totalement le programme annoncé depuis des mois pour son concert, et qui, comble de l’ironie, « [allait] comme un gant à son tempérament de feu ». En lieu et place de Schubert et Rachmaninov, ce sera donc Schumann, Rachmaninov (quand même), Chopin et Ravel.
Évelyne Berezovsky arrive et gratifie l’auditoire (hélas encore une fois composé de spectateurs, euh… expérimentés) d’un large sourire. C’est parti pour la Sonate nº 2 de Schumann, une pièce tourmentée qu’Évelyne Berezovsky interprète avec fougue. Cependant, dans cette pièce comme dans les suivantes, toute l’intensité du jeu de la pianiste est dans la musique elle-même et non pas dans une gestuelle spectaculaire, comme on le voit faire à certains interprètes.
Évelyne Berezovsky frappe plutôt par la sobriété de son jeu et l’expression toujours neutre de son visage. De temps en temps, elle se redresse, se penche un peu vers le côté. La tête légèrement rejetée en arrière, elle lève alors des yeux presque pensifs vers d’abstraites hauteurs. Quelquefois, secouant imperceptiblement la tête, elle donne l’impression d’opiner intérieurement, absorbée dans une recherche du son parfait.
Tout au long, sa jeunesse offre donc un contraste saisissant avec l’impression de maîtrise qu’elle dégage, l’air de ne rien devoir prouver à personne. Son jeu, lui, est puissant et dynamique. Les différents mouvements s’enchaînent sans temps mort. Peut-être aimerait-on, parfois, un peu plus de recueillement. Est-ce l’acoustique de la salle ? Le piano ? Le jeu de la pianiste elle-même ? On a la sensation d’un son un peu dur. Mais Évelyne Berezovsky est assurément brillante, comme dans son interprétation de la Valse noble de Ravel. On ne peut que lui souhaiter une belle carrière – nul doute qu’elle n’aura pas besoin de papa pour cela. ¶
Céline Doukhan
Concert d’Évelyne Berezovsky
Avec : Évelyne Berezovsky (piano)
Schumann : Sonate nº 2 en sol mineur op. 22 ; Chopin : Barcarolle en fa dièse majeur, op. 60 ; Rachmaninov : Variations sur un thème de Corelli, op. 42 ; Ravel : Valse noble
Hôtel du département de la Sarthe, salle Joseph-Caillaux • place Aristide‑Briand • 72000 Le Mans
Réservations : 02 43 27 43 44 ou 06 48 10 55 52
Le 27 mai 2014 à 12 h 30
Durée : 1 heure
15 € | 10 € | 5 €
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