« Encore quelques illusions », de Denis Plassard (critique), Théâtre de Vénissieux

29.01.2012

Désillusion

Par Élise Ternat

Les Trois Coups.com

Fort d’une complicité renouvelée, le Théâtre de Vénissieux accueille une fois encore le chorégraphe et danseur Denis Plassard pour sa dernière création, « Encore quelques illusions ». Ce nouvel opus ne dément en rien la solide réputation de la compagnie Propos, fondée sur une remarquable tendance à bousculer les genres et sortir des sentiers battus.

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« Encore quelques illusions » | © compagnie Propos

En effet, après Les cadavres se regardent dans le miroir, spectaculaire roman-photo, ou encore Débatailles, affrontement se jouant des poncifs de la danse hip-hop avec une élégance rare, Encore quelques illusions s’inspire et parodie avec humour le monde de la magie. Mais attention, ici, les trucs et autres secrets de fabrication sont dévoilés en direct. Le spectacle se construit autour de sept tours de magie chorégraphiés : disparition, apparition, lévitation, téléportation, transformation, invulnérabilité et mentalisme participent à toute une panoplie démonstrative de l’abécédaire du parfait magicien.

Trois danseurs incarnent deux rôles-titres, le magicien et son assistant, évoluant au gré des numéros tel un duo de clowns. Ce drôle de couple ne cesse de se transformer, de disparaître, puis de réapparaître. Ici, on danse peu, mais qu’importe, l’important demeure l’expérimentation. Lorsque les chorégraphies sont présentes, elles servent la magie. Loin des lapins et colombes sortis des chapeaux, l’univers du spectacle, amusant et loufoque, s’inspire largement des années 1970. On y découvre un large choix de motifs géométriques, des coloris allant du brun à l’orange, des tenues d’époque ou encore le port pour un des danseurs d’une perruque « afro ».

La scénographie consiste en un ensemble de caissons, placards multicolores et autres cartons d’emballage où tous les tours deviennent possibles et pensables. Quelques projecteurs sur pieds sont déplacés par un éclairagiste-complice à mesure des numéros. La lumière semble être là pour rendre les supercheries visibles ou bien pour les masquer. Pourtant sa puissance est telle qu’elle éblouit parfois les yeux des spectateurs. À ce détail près, tout irait pour le mieux si l’ensemble ne peinait pas à trouver son rythme.

Un rythme à la traîne

Le spectacle fait la part belle à la dimension sonore, partie intégrante de l’ensemble. Le clarinettiste et la chanteuse forment un accompagnement musical élégant. Leurs morceaux reprennent un répertoire de titres classiques que sont les Nocturnes de Chopin. Tout pourrait fonctionner à merveille, car ici le talent comme les idées ne manquent pas. Malheureusement, le rythme des morceaux, à moins qu’il ne s’agisse des arrangements choisis, semble nuire à un autre rythme : celui du spectacle. Résultat : les numéros de magie se succèdent avec humour mais sans entrain et peinent bien souvent à capter durablement l’attention. Difficile, dès lors, de vraiment se sentir porté par le jeu des artistes.

Quel dommage ! Car l’envie ne manque pas d’apprécier cette création, tant par le talent des interprètes que par les choix artistiques. Les partis pris du metteur en scène, cette volonté de s’extraire de la zone de facilité, de se heurter à d’autres domaines… ce goût du risque en somme, lui confère grand mérite, mais s’apparente ici à une route aventureuse. ¶

Élise Ternat

Encore quelques illusions, de Denis Plassard

Cie Propos • 8, rue du Professeur-Morat • 69008 Lyon

Conception, chorégraphie et illusion magique : Denis Plassard

Avec : Catali Antonini, Xavier Gresse, Jim Krummenacker, Dominique Ryo,Raphaël Vuillard

Création lumières : Dominique Ryo

Arrangements musicaux (Nocturnes de Frédéric Chopin) : Raphaël Vuillard

Costumes : Béatrice Vermande et Julie Lascoumes

Scénographie :Amandine Fonfrède

Construction : Marc Terrier

Régie son :Éric Dutriévoz ou Jean Bourgeois

Régie générale : Éric Dutriévoz