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Par Les Trois Coups
Trintignant nous fait rire
de la mort
Par Aurore Krol
Les Trois Coups.com
Jean-Louis Trintignant poursuit le parcours poétique qu’il a entamé il y a plusieurs années, en nous offrant cette fois des lectures de Robert Desnos, Boris Vian et Jacques Prévert. De ce trio représentatif d’une époque, il retient des thèmes liés à la guerre, à la mort, mais aussi à l’amour.
Certains des poèmes sont très connus, d’autres beaucoup moins, mais les propositions de lecture permettent de tous les redécouvrir. Au plus près de l’épure, le ton est léger, voire humoristique, pour nous donner à entendre ces monuments de la poésie française et ne laisser que le sens des mots résonner. Avec une certaine désinvolture et un regard amusé, Trintignant nous parle de douleur, de perte et d’élans libertaires. Chaque mot se détache, empli de sens, mais sans être chargé de pathos ou de lourdeur. La voix familière du comédien, indissociable d’une certaine histoire du cinéma, nous touche de sa prestance et de sa force magistrale.
Daniel Mille, déjà complice des précédents spectacles, accompagne ce récital par des compositions à l’accordéon. Ses mélodies, parfois surprenantes mais toujours pertinentes, savent rester discrètes et se fondre aux mots pour leur rendre hommage.
La puissance émotionnelle d’un mot ou d’une image
On devrait écouter plus souvent de la poésie pour se rendre compte de la puissance émotionnelle d’un mot ou d’une image. Cette puissance que l’on retrouve particulièrement dans le texte les Fourmis de Boris Vian. Toute l’angoisse de la mort absurde et imminente y est évoquée, et Trintignant sait la détacher syllabe par syllabe jusqu’au point culminant de la tension.
Jean-Louis Trintignant | © Brigitte Enguérand
Le spectateur est happé dans cette fresque, presque le souffle coupé, emmené progressivement vers l’évocation d’un Desnos déporté, mourant du typhus le jour de sa libération. On redécouvre ainsi son Dernier poème, sombre et très loin de l’univers enfantin auquel on l’associe souvent. Sobrement, Trintignant nous fait voyager dans un univers grinçant où le langage sait se faire cruel.
Malheureusement, l’épure frôle parfois l’austérité quand le plateau du Quartz est si peu exploité : pas de mise en espace et une création lumière assez inexistante desservent l’ensemble. La forme choisie, qui aurait nécessité un espace intime, ne s’adapte pas du tout à une jauge aussi importante. Là où nous aurions voulu de la proximité, voulu pouvoir capter les moindres expressions du visage, nous sommes forcés d’admirer à distance.
Il est donc à regretter qu’un aussi grand acteur ne soit pas accompagné de plus de prouesse technique. Néanmoins, l’ensemble s’écoute sans ennui, loin de ce que peut parfois laisser présupposer cet exercice risqué. Une belle lecture, où l’on rit de la mort et où l’on aime à mourir. ¶
Aurore Krol
Jean-Louis Trintignant dit Jacques Prévert, Boris Vian, Robert Desnos
Accompagné à l’accordéon par Daniel Mille
Mise en scène : Gabor Rassov
Création lumière : Orazio Trotta
Production : Les Visiteurs du soir
Le Quartz, scène nationale de Brest • square Beethoven
60, rue du Château • 29200 Brest
Les 14, 15 et 16 décembre 2009 à 20 h 30
Durée : 1 h 10
Réservations : 02 98 33 70 70 ou www.lequartz.com
25,5 € | 18,5 € | 13 €
Espace 1789 • 2-4, rue Alexandre-Bachelet • 93400 Saint-Ouen
Mardi 26 janvier 2010 à 20 h 30
Réservations : 01 40 11 50 23 ou resa@espace-1789.com
Métro : Garibaldi (ligne 13) – bus 85 – Vélib’
20 € | 16 € | 12 €
Jean-Louis Trintignant en tournée
– 19 janvier 2010, Théâtre des Arts à Chalon-sur-Saône
– 22 janvier 2010, Théâtre de Vienne à Vienne
– 30 janvier 2010, Théâtre Saint-Michel à Bruxelles
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