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Le journal quotidien du spectacle vivant en France. Critiques, annonces, portraits, entretiens, Off et Festival d’Avignon depuis 1991 ! Siège à Avignon, Vaucluse, P.A.C.A.

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« Les Aventures de Sindbad le Marin », d’Agathe Mélinand (critique), T.N.G. à Lyon

Le beau livre d’images


Par Trina Mounier

Les Trois Coups.com


Le titre à lui seul est déjà une invitation au voyage, au rêve, au merveilleux : l’exotisme du nom, la présence de la mer, l’aventure promise… Et disons-le sans attendre, la promesse est tenue. Cette mise en scène par Laurent Pelly des aventures de Sindbad adaptées pour le théâtre par Agathe Mélinand est une vraie réussite, une réjouissance de bout en bout, et nul n’est besoin d’être un jeune garçon pour embarquer…

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« les Aventures de Sindbad le marin » | © Polo Garat-Odessa

Tous deux, directeurs associés du T.N.T. (Théâtre national de Toulouse) ont un long passé de travail complice. En particulier, des Hymnes homériques à la Famille Fenouillard, ils se sont penchés avec succès sur les récits de voyages, qu’ils soient épiques ou domestiques, héroïques ou quotidiens, illustres ou rigolos. Sindbad le Marin n’est pas seulement un héros propice à faire se manifester les désirs d’identification des jeunes garçons, le prétexte à films et téléfilms plus ou moins réussis, il est surtout une porte ouverte sur l’Orient et l’occasion de redécouvrir un des plus beaux textes d’un lointain ixe siècle… On ne sait pas très bien, comme à l’accoutumée avec des textes si anciens, d’où vient ce personnage à la fois intrépide et plein de sagesse, capable de se lancer dans toutes les aventures et de se précipiter au-devant du danger, mais aussi d’accepter avec philosophie les revers de fortune, passant avec le sourire des plus grandes richesses à la misère noire et nue. On l’a longtemps cru frère de Schéhérazade et son histoire partie intégrante des Mille et Une Nuits, ou jumeau inversé de Sindbad le Terrien, lui aussi dans une traduction de René Khawam…

Agathe Mélinand et Laurent Pelly sont allés piocher à toutes ces sources, conservant à la fois la structure en enchâssements successifs des Mille et Une Nuits (mais réduite à sept jours) et offrant à Sindbad le Marin, qui traverse les épreuves en vainqueur, un double misérable et admiratif, Sindbad le Terrien, qui lui donne la réplique et lui tend un miroir.

Un Orient de légende, un spectacle de haute voltige

Mais cette pièce, qui s’adresse aux enfants à partir de huit ans, ne joue pas la carte de l’érudition. Bigrement astucieuse, elle fait le pari du merveilleux et de l’émerveillement. D’abord en s’appuyant fortement sur le texte et son déploiement imaginaire : on y titube sur une île mouvante, qui n’est en fait que le dos d’une tortue géante, on y croise un oiseau monstrueux, dont l’oisillon est plus gros qu’un éléphant, on escalade des dunes de diamants… Ensuite par la grâce du choix de magnifiques acteurs de cirque, qui bondissent, glissent, volent tels des oiseaux d’un bout de la scène à l’autre, rythmant  et animant les images… Aussi par le choix de nous faire voir et entendre tout cela par la voix du conteur, Sindbad le Marin, et les exclamations de joie, d’admiration et d’effroi de son double, Sindbad le Terrien. Encore par le recours à toutes les formes du spectacle vivant : théâtre d’ombres, jongleries, conte, proximité avec le public… Enfin et surtout par la dextérité et l’intelligence d’une mise en scène luxuriante et évocatrice de cet Orient de légende : un échafaudage de bois devient tour à tour ville et forêt, un récit ponctué de yallah savoureux, le refus de tout euphémisme pour traiter le fantastique (quand l’ogre croque les pauvres marins, on entend dans le noir fait sur la salle les cris des infortunés, le claquement des mandibules et le broiement des os). Les enfants hurlent dans la salle, ravis : leur imagination convoquée par une machinerie très traditionnelle et des exploits tout à fait humains fait mieux que les effets spéciaux du cinéma.

Dans cette histoire de parcours initiatique, dont la morale dit que la fortune n’est jamais acquise, c’est tout un petit peuple qui revit sur le plateau, toute une fantasmagorie qui est donnée en spectacle et, franchement, c’est jubilatoire ! 

Trina Mounier


Voir l’entretien avec Laurent Pelly par Bénédicte Soula pour les Trois Coups


Les Aventures de Sindbad le Marin, d’Agathe Mélinand

Mise en scène : Laurent Pelly

Avec : Karim Demmat, Julien Mulot, Sidney Ali Mehelleb, Romain Delavoipière, Julien Le Cuziat, Baptiste Lhomme, Sylvain Pascal

Scénographie : Juliette Blondelle

Costumes : Nathalie Trouvé

Lumière : Michel Le Borgne

Son : Joan Cambon

Assistanat à la mise en scène : Audrey Gary

Réalisation des décors : Ateliers du T.N.T. sous la direction
de Claude Gaillard

Réalisation des costumes : Ateliers du T.N.T. sous la direction
de Nathalie Trouvé

Production Théâtre national de Toulouse-Midi-Pyrénées

Durée : 1 h 20

T.N.G. (Théâtre Nouvelle Génération) • 23, rue de Bourgogne • 69009 Lyon

Tél. 04 72 53 15 15

Site : www.tng-lyon.fr

Du 15 au 18 décembre 2011

Tournée :

Du 10 au 13 janvier 2012 à la Comédie de Béthune

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