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Par Les Trois Coups
Un gros appétit pour un petit coup de fourchette
Par Sarah Bussy
Les Trois Coups.com
Après le succès de « Looking for Mister Castang », Édouard Baer et sa troupe de gais lurons réinvestissent aujourd’hui le Théâtre Marigny et signent de nouvelles aventures hautes en couleur. Mais, si l’humour décalé et cynique de cet acteur séduit beaucoup, son usage abusif est, quant à lui, décevant.
Dans Miam-miam, Luigi (Édouard Baer) et sa bande de comédiens se voient contraints (crise oblige) de transformer en quelques heures leur théâtre en déshérence en restaurant à la mode. Toute une population bigarrée va alors se bousculer dans cette grande aventure, mêlant acteurs, spectateurs, clients, cochons, marionnettes effrayantes, plats en sauce… Tous plus allumés les uns que les autres. Et, si la mayonnaise prend, elle le doit sans aucun doute au talent d’un Édouard Baer fidèle à lui-même, que l’on retrouve toujours avec autant de plaisir. Son humour décalé, second (voire troisième !) degré, soulève de grands éclats de rires dans la salle. Et son goût de l’absurde prend le relai avec le même succès, nous livrant des situations complètement improbables et parfois hilarantes, il faut bien l’admettre.
Le tout se révèle finalement un peu lourd
Mais à l’instar de la nourriture en plastique dont doit s’accommoder le restaurant Miam-miam, l’humour y est souvent superficiel, se résumant à un enchaînement répétitif de gags plus ou moins attendus. On quitte alors le registre de la comédie pour entrer dans celui, beaucoup moins séduisant, du boulevard moderne et de l’humour potache. Et, même si la patte cynique d’Édouard Baer permet de conserver une certaine finesse d’esprit, le tout se révèle finalement un peu lourd. Comme s’il fallait à tout prix servir sa dose de rire à un public en partie acquis. Les intermèdes comiques, type fausse publicité, bande-annonce ou reportage, drôles au début, le sont beaucoup moins au bout de la dixième fois. Les gags se succèdent et se ressemblent pendant deux heures, qui, du coup, semblent un peu longues.
D’autant que le talent des acteurs, certes impliqués et rigolos (c’est le mot), ne relève pas toujours le niveau. De fait, on a par moments l’impression d’assister à un spectacle d’improvisation, ou bien de regarder une bande d’amis s’amuser sur scène… ce qui ne nous amuse pas forcément. En outre, tous les acteurs portent un micro, et leurs voix sont donc retransmises dans la salle par de grandes enceintes. Si cela est effectivement utile pour les quelques passages musicaux du spectacle, c’est plutôt gênant le reste du temps. La distance alors inévitablement instaurée entre la scène et le public réduit encore davantage l’aspect théâtral de ce « cabaret » délirant. On se sent loin. Et on rit de loin. On est spectateur dans l’acception la plus stricte du terme. Si l’on venait voir Édouard Baer jouer, on est servi, mais on l’aurait tout aussi bien été en le voyant au cinéma. En un mot : à consommer avec modération pour éviter l’indigestion. ¶
Sarah Bussy
Miam-miam, d’Édouard Baer
Société nouvelle du Théâtre Marigny et Les Productions en cabine
Mise en scène : Édouard Baer
Assistante à la mise en scène : Sophie Lecarpentier
Avec : Édouard Baer et, en alternance : Atmen Kelif, Philippe Duquesne, Léa Drucker, Diane Bonnot, Alka Balbir, Jean-Michel Lahmi, Christophe Meynet, Laura Sillanpåå, Patrick Boshart, Jean-Philippe Heurteaut
Création accessoires : José Marin-Carillo
Création costumes : Malika Hjij
Création perruques : Cécile Gentilin
Conseiller artistique : Léa Drucker
Coordination technique : Nicolas Lartigue
Photo : Sylvain Granjon
Théâtre Marigny • rond-point des Champs-Élysées • 75008 Paris
Réservations : 0 892 222 333
À partir du 11 décembre 2009, du mardi au samedi à 21 heures, et à partir du 5 janvier 2010 le samedi à 17 heures
Durée : 2 heures
49 € | 42 € | 30 € | 15 €
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