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Le journal quotidien du spectacle vivant en France. Critiques, annonces, portraits, entretiens, Off et Festival d’Avignon depuis 1991 ! Siège à Avignon, Vaucluse, P.A.C.A.

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« Nuit d’orage », d’après l’album illustré de Michèle Lemieux (critique), Le Tarmac à Paris

Un beau livre d’images
sans histoire


Par Laura Plas

Les Trois Coups.com


Ni douche froide, ni éclair de révélation pour cette « Nuit d’orage » que nous offre le Théâtre du Carroussel en visite au Tarmac. Le spectacle jeune public est sans conteste un émerveillement pour les mirettes, un bijou scénographique qui multiplie les apparitions fascinantes. Mais la succession d’images avait sans doute plus de sens dans l’album dont est adapté le spectacle. Ici, on aurait presque envie de réclamer une histoire.

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« Nuit d’orage » | © François-Xavier Gaudreault

Nuit d’orage est à l’origine un bel album tout de noir et blanc, dessiné par Michèle Lemieux. Dans cet album, une petite fille se pose de drôles de questions, celles métaphysiques que l’on formule tout petit et que l’on délaisse quand on grandit. C’est la nuit. Dehors, l’orage gronde. Auprès d’une enfant qui ne parvient pas à dormir, un chien veille. C’est tout. Pas d’histoire, donc. En même temps, c’est beaucoup, car trois plans se superposent : celui de la chambre d’enfant, celui de la campagne où se déchaîne l’orage, celui enfin des images insolites qui surgissent dans la tête de l’enfant.

Or, ce qu’il y a de magnifique dans l’écriture comme dans le dessin, c’est que tout est possible. Le réel ne vient pas poser ses bornes. Coexistent les trois plans, apparaissent les créatures les plus étranges. Merveille de l’image. Et l’on peut dire que le spectacle du Théâtre du Carrousel est à la hauteur de cet imaginaire. En effet, il est d’abord d’une grande fidélité au modèle. L’écran qui occupe toute la scène fait ainsi songer à une page blanche incurvée. On retrouve encore l’harmonie en noir et blanc de Michèle Lemieux, dont les dessins sont d’ailleurs employés. D’aucuns diront que c’est un peu austère (nous l’avons entendu), mais, indéniablement, c’est beau et cela crée un monde à part.

Surtout, Gervais Gaudreault réussit à nous faire voir les trois plans de l’album par des techniques spécifiques à chaque fois. Derrière l’écran, dans une profondeur de rêve, le lit de l’enfant se détache. Sur l’écran, le paysage surgit, et l’on entend la rumeur du vent qui siffle, les bruits de la pluie. Enfin, dans un jeu de clair-obscur, d’apparition/disparition, apparaissent les fantasmagories crées par l’enfant. Sur ce point, on ne peut que saluer le travail impeccable qui est fait sur la lumière, les projections comme l’environnement sonore. Alors, de ce ballet technique parfaitement orchestré surgit la magie : l’imagination se lance au galop dans le noir. Et voilà que nous rencontrons une bonhomme de lumière au sourire asiate, une poupée incroyable dont la robe abrite une théâtre. On reste suspendu dans l’attente de la prochaine image.

La conscience de l’enfant s’apparente à une lanterne

C’est le charme des lanternes magiques, l’enchantement des débuts du cinéma. On imagine bien les premiers spectateurs de Méliès savourer les images et en même temps chercher les trucs. Noir, lumière, enchantement. Le metteur en scène explique de fait que la conscience de l’enfant s’apparente à une lanterne qui éclaire le monde par petites touches. Reste que ces petites touches ne font pas une fable, que la logique des rêves est éclatée. Les questions existentielles se succèdent comme les images, mais il n’y a pas vraiment de tension dramatique. Alors parfois, on s’agite un peu dans les rangs. Quand on lit un album, il y a un grand pour dialoguer à côté souvent ; c’est plus difficile ici. Parallèlement, on regrette un peu que l’interprétation soit accessoire. Reléguée sur un lit-île, la petite fille manque de corps.

Alors, oui, Michèle Lemieux peut se réjouir que « les fruits de son imagination se déploient en trois dimensions » (1), mais celles-ci ne suffisent pas à faire théâtre. On est plutôt en domaine de magie et d’images. Il faut le savoir pour mieux s’en réjouir. 

Laura Plas


(1) Extrait du « Mot de l’auteur » présent dans le programme.


Nuit d’orage, d’après l’album illustré de Michèle Lemieux

Adaptation et mise en scène : Gervais Gaudreault

Avec : Ludger Côté, Émilie Lévesque

Assistante à la mise en scène : Milena Buziak

Décor, projections, accessoires : Stéphane Longpré

Costumes et accessoires : Linda Brunelle

Assistante aux accessoires : Julie Vallée-Léger

Lumières : Dominique Gagnon

Musique : Diane Labrosse

Maquillage : François Cyr

Coiffures : Géraldine Courchesne

Le Tarmac • 159, avenue Gambetta • 75020 Paris

Réservations : 01 43 64 80 80

www.letarmac.fr

Mercredi 14, jeudi 15, vendredi 16 décembre 2011 à 10 heures et 14 h 30, samedi 17 décembre 2011 à 16 heures, mardi 20, mercredi 21, jeudi 22 et vendredi 23 décembre 2011 à 19 h 30

Durée : 50 minutes

18 € | 12 € | 5 €

À partir de 7 ans

Tournée en France :

– Vendredi 17 février 2011 à 19 heures au Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine, et, en scolaire, le jeudi 16 février 2012 à 10 heures et 14 h 30 et le vendredi 17 février 2012 à 14 h 30

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