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Le journal quotidien du spectacle vivant en France. Critiques, annonces, portraits, entretiens, Off et Festival d’Avignon depuis 1991 ! Siège à Avignon, Vaucluse, P.A.C.A.

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« Sorry », de Pierre Byland et Vincent Gracieux (critique), dommaine d’O à Montpellier

« Sorry » : un joyeux bazar sans entrain


Par Fatima Miloudi

Les Trois Coups.com


Durant la période festive entre Noël et le Nouvel An, le Footsbarn Travelling Theater, la Compagnie des Fusains et le Cirque équestre Werdyn ont occupé le chapiteau du domaine d’O à Montpellier. Avec « Sorry », ils flirtent avec l’imaginaire jusqu’à l’absurde. Des idées qui ricochent, mais un rythme un peu à la traîne.

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« Sorry » | © Abdoul Aziz Souleyma

Nous entrons dans l’univers du cirque. Un chapiteau, des gradins, l’arène centrale et, au milieu, deux clowns sombres mais désopilants. Sombres car ils ont pour fonction d’être deux croque-morts à l’enterrement du compositeur Théodore, dont on porte le cercueil sur une vieille charrette, tirée par un cheval. Désopilants car, avec un air pince-sans-rire, ils commencent par le traditionnel coup de pied aux fesses et, pendant la minute de silence où tous les spectateurs doivent se lever pour rendre hommage au défunt, ils dégustent une déjection laissée sur la piste pour définir sa nature : chocolat ou crotte. On le voit, le registre est celui de la farce. Ce n’est pas le coup de la tarte à la crème, mais c’est tout comme. En tout cas, c’est un tour qui marche.

La cérémonie funèbre est lente à se mettre en place. Les musiciens arrivent l’un après l’autre. Le basson nous raconte dans une langue « slave » au discours prolifique ses premiers pas auprès du compositeur. Évidemment, personne n’y comprend rien. C’est bien l’effet voulu. La violoncelliste s’étale sur le cercueil, etc. Mais surtout, tout concourt à empêcher le bon déroulement de l’enterrement. C’est un surgissement pêle-mêle de tout et de n’importe quoi à chaque tentative de reprise de l’office. Un tracteur roule sur la piste, klaxonne à tout va. Un chat traverse la scène. Un coq noir est jeté des gradins. Un cheval blanc vient tranquillement manger la couronne mortuaire avant de partir sur une révérence. C’est encore une chèvre qui accompagne deux Tsiganes. Et le tracteur qui part et qui revient. Le jeu aurait pu faire rire aux larmes si ce n’était un tempo trop lent et des paroles inutiles à la progression narrative.

Tout part en vrille

Tout ce qui peut susciter le rire est utilisé : des bonnes blagues de fin de repas, un rien transformées, à la référence filmique « You’re talking to me ? » de De Niro. Sur la piste, c’est une rencontre joyeuse qui refuse la solennité de la cérémonie funèbre. D’ailleurs, par quelque concours de circonstance inconnu, la piste a été louée à la fois pour l’enterrement et pour un mariage. L’homme au tracteur la partage alors en deux, à l’aide de banderoles de fanions. On sépare le public : les pessimistes, les optimistes. Et à chacun des participants de continuer qui son hommage, qui sa fête. Quel boucan ! Quel brouhaha ! Tout part en vrille.

L’ensemble n’est pas exempt d’instants de poésie. Dès le début, un homme en noir, au visage caché, traverse la piste, queue-de-pie et écharpe comme gelés, rigidifiés par la tempête au dehors. C’est aussi la belle fin où le mort en personne, comme la statue du Commandeur, traverse la scène pour rejoindre son bateau-cercueil. Une nouvelle fête, mât de cocagne et velum tendu comme une voile, l’accompagne vers son dernier voyage. Ainsi, idées loufoques et poétiques cohabitent. Il n’est que ce tempo traînant des pieds qui empêche le spectacle de prendre son envol, à l’image des danseuses de flamenco aux pas que l’on aimerait plus alertes et plus vifs. 

Fatima Miloudi


Sorry, de Pierre Byland et Vincent Gracieux

Troupes : Footsbarn Travelling Theater, la Compagnie des Fusains, le Cirque équestre Werdyn

Mise en scène : Pierre Byland

Assistants mise en scène : Paddy Hayter, Vincent Gracieux

Direction artistique : Paddy Hayter

Avec : Marieke Schnitker, Pierre Byland, Mas Soegeng, Joe Cunningham, Christophe Werdyn, Marie Werdyn, Florent Seffar

Production : Footsbarn Travelling Theater

Coproduction : Théâtre de Carouge, Ateliers de Genève, Théâtre Garonne (Toulouse), avec le soutien du Théâtre Toursky (Marseille)

Domaine d’O • 178, rue de la Carriérasse • 34090 Montpellier

Réservations : 04 67 67 31 00

http://www.domaine-do-34.eu

Mercredi 22 décembre 2010 à 19 heures, jeudi 23 à 19 heures, vendredi 24 à 16 heures, dimanche 26 à 17 heures, lundi 27, mardi 28, mercredi 29 décembre 2010 à 19 heures

Durée : 1 h 30

14 € | 10 € | 8 € | 5 €

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