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Le journal quotidien du spectacle vivant en France. Critiques, annonces, portraits, entretiens, Off et Festival d’Avignon depuis 1991 ! Siège à Avignon, Vaucluse, P.A.C.A.

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« Tribe », d’Enrico Rava (critique), un album E.C.M./Universal Music France, et un concert au T.N.B. à Rennes

La sérénité du sage
et la fraîcheur de la jeunesse


Par Jean-François Picaut

Les Trois Coups.com


Le dernier album d’Enrico Rava, « Tribe », est sorti chez E.C.M./Universal Music le 7 novembre 2011. Pouvoir assister à son interprétation en concert deux semaines plus tard et ainsi confronter le disque à la scène est un privilège que « les Trois Coups » voudraient vous faire partager.

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« Tribe », avec Enrico Rava | © Jean-François Picaut

À soixante-dix ans tout juste révolus, Enrico Rava, qui fut le disciple de Miles Davis et Chet Baker, est devenu un maître lui-même depuis bien longtemps. Tribe, l’album qu’il vient de publier à la tête d’un quintette entièrement transalpin, semble couronner une œuvre foisonnante et variée dans ses sources d’inspiration. Le grand trompettiste italien, au sommet de son art, y dégage une impression de force tranquille qu’on ne lui connaissait pas forcément, lui qui a participé à des aventures bien tumultueuses. La sérénité est le maître mot de cette « Tribu » et elle n’est pas exempte d’une certaine mélancolie, comme dans Amnesia qui ouvre cet album ou mieux encore dans Tears for Neda, la bien nommée. La pièce est suivie de Garbage Can Blues, un magnifique trio lent pour piano, contrebasse et batterie, et de Choctaw, un morceau au rythme plus rapide et fiévreux, agrémenté d’accords plaqués au piano, de tout l’avant-bras parfois, et de quelques dissonances au trombone. L’ensemble forme comme une belle suite de presque quinze minutes.

L’introduction d’Incognito fait la part belle au trombone, le premier instrument pratiqué par Rava. Gianluca Petrella, après avoir semblé entrer difficilement dans le concert, y retrouve l’aisance qui en a fait l’un des meilleurs trombones de sa génération (trente-six ans).

Cornettology démarre lentement au trombone bouché et à la batterie avant l’entrée du piano puis de la contrebasse et enfin de la trompette. Les deux souffleurs y cheminent tantôt sur des voies parallèles, tantôt dans le dialogue. Puis le chant de Rava s’élève, serein, lumineux, sur une ligne mélodique très prenante. Le relais est pris par Gabriele Evangelista (contrebasse). Chaque soliste apporte à son tour sa pièce à l’édifice : Giovanni Guidi (piano) puis Fabrizio Sferra (batterie).

L’attention sans faille du public

L’album et le concert vont ainsi leur chemin, et dans le silence de la salle on perçoit l’attention sans faille du public conquis. Enrico Rava n’est pas (n’est plus ?) l’homme du spectaculaire et, hormis quelques embardées échappées de sa période free, la mesure est la marque de cet album et du spectacle qu’il en tire. Mais cette mesure n’est pas synonyme de médiocrité dans quelque sens qu’on l’entende. Elle est l’expression d’une maturité tranquille et sûre de son art. S’ils n’excluent pas quelques envolées virtuoses, le lyrisme retenu et le raffinement sont la marque de Tribe, et le maître n’a qu’à se féliciter des complices qu’il a choisis. Le travail de Fabrizio Sferra à la batterie est tout bonnement remarquable de doigté et de finesse. Les plus jeunes, le pianiste Giovanni Guidi (26 ans) et le contrebassiste Gabriele Evangelista (23 ans) démontrent qu’on a eu raison de leur faire confiance. Quant à la complicité d’Enrico Rava et Gianluca Petrella, elle fait plaisir à voir.

La mise en scène est sobre mais efficace, comme ces déplacements qui jouent avec l’éloignement ou le rapprochement du son de la trompette et du trombone. Le son de l’album, signé E.C.M., est digne de la grande maison qui l’a produit : clair, équilibré et chaleureux. Les techniciens du T.N.B. ont su lui être fidèles.

Longuement et fortement applaudi, Enrico Rava a récompensé le public par deux rappels. Dans le second, il a réussi à faire chanter une grande partie de la salle en créant une telle atmosphère que certains spectateurs fredonnaient encore en quittant le théâtre. 

Jean-François Picaut


Tribe, d’Enrico Rava

http://www.enricorava.com/home.html

Un album E.C.M./Universal Music (E.C.M. 276 6970)

Avec : Enrico Rava (trompette), Gianluca Petrella (trombone), Giovanni Guidi (piano), Gabrile Evangelista (contrebasse) et Fabrizio Sferra (batterie)

Théâtre national de Bretagne • Centre européen théâtral et chorégraphique • salle Vilar • 1, rue Saint-Hélier • 35000 Rennes

Réservations : 02 99 31 12 31

www.t-n-b.fr

Le 23 novembre 2011 à 20 heures

Durée : 1 h 30

25 € | 10 € | 10 €

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