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Le journal quotidien du spectacle vivant en France. Critiques, annonces, portraits, entretiens, Off et Festival d’Avignon depuis 1991 ! Siège à Avignon, Vaucluse, P.A.C.A.

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« Vie de grenier », des Édulchorés (critique), centre des Halles- le Marais à Paris

Un grenier trop plein d’idées


Par Laura Plas

Les Trois Coups.com


La jeune troupe des Édulchorés, menée par Emma Pasquer, présentait au centre des Halles-le Marais « Vie de grenier ». Une pièce énergique et mignonne comme ses juvéniles interprètes, dont cependant l’écriture est un peu fragile, et le projet encore inabouti.

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« Vie de grenier » | © Delphine Dumercq

À l’origine, il y a de jeunes lycéens qui s’organisent pour danser et jouer, faisant l’admiration de leurs professeurs. Une jeune femme insuffle son énergie au groupe. Aujourd’hui, les lycéens sont une troupe et font leur chemin. Vie de grenier est leur première création. Que raconte la pièce ? À la mort de leur grand-mère, de jeunes gens s’attellent à la rude tâche de faire le tri dans son grenier. On va jeter ou vendre. Mais tout n’est pas si simple : les souvenirs résistent et le grenier a ses mystères. Sa grosse malle ouvre la porte d’un autre monde peuplé de créatures de contes.

En fait, l’histoire est un prétexte, c’est le lieu qui est central. Le grenier offre en effet un endroit topique pour les départs oniriques, il est ce bric-à-brac où tous les mélanges et toutes les digressions sont autorisés. Champ de liberté. Ainsi, les Édulchorés peuvent-ils mêler avec un bonheur certain danse et théâtre. Ainsi ont-ils construit le spectacle sur les propositions de chacun, aménageant presque de petits numéros. Ainsi n’y a-t-il pas une seule trame narrative mais plusieurs fils. Les larmes coexistent avec la fantaisie, le réel avec un monde fantastique, comme surgi d’une nouvelle de Théophile Gautier ou d’un film de Walt Disney.

Quinze personnes sur scène

Tout cela est assez ambitieux. Ajoutons qu’une musique a été composée spécialement pour le spectacle et qu’elle est interprétée en direct par de jeunes musiciens. Quinze personnes sur scène : rien que ça ! Mais ceci a son revers. Certains personnages ne trouvent pas leur place sur le plateau : sitôt apparus, sitôt escamotés. Par exemple, quel est le rôle de cet ectoplasme qui parfois apparaît ? Et cette femme en chemise est-elle une mère réelle ou une allégorie ? L’ambiguïté a, sans doute, ses richesses, mais on s’y perd parfois. On aimerait, par ailleurs, faire connaissance avec les cousins de la pièce (sont-ils au fait quatre ou neuf ?). En fait, on a l’impression que pour dire tout (comme dans le finale qui multiplie les figures), on va trop vite.

Parallèlement, les fils narratifs ne tissent pas une même trame. C’est un peu comme si face à un sujet aussi grand que le deuil et la mémoire, les interprètes étaient un peu démunis. De fait, ces sujets graves sont relégués en début et fin de spectacle. Très vite, la tristesse est balayée comme la poussière pour laisser place à un monde de créatures comiques et grimaçantes (un peu convenues). Certes, on ne peut en vouloir à la jeunesse d’affirmer la vie avant tout, la vie malgré tout, mais on avouera que les moments les plus justes sont ceux où l’on affronte la peine. On regrette ainsi qu’au finale, la malle-cercueil se transforme en socle pour une statue de couple improbable et un peu mièvre.

Peut-être est-ce l’écriture finalement qui pose problème. Il ne s’agit évidemment pas de l’écriture de plateau, très travaillée, mais du texte même. Car si on sourit, c’est parfois avec indulgence devant les bouts rimés, les jeux de mots ou les idées galvaudées. Même au plan musical, certaines reprises sont très insistantes. Un peu facile ? Courageux en même temps. Car, à notre époque, oser le lyrisme, les grands mots et les grands sentiments, vouloir jouer dans la cour des grands avec des ambitions est une audace. Les Édulchorés ne sont qu’au début d’un beau voyage et ont le vent des grandes espérances dans leurs voiles. Qu’ils les portent au plus loin. 

Laura Plas


Vie de grenier, des Édulchorés

Association Et bien dansons maintenant • 13, rue de Montigny • 95240 Cormeilles-en-Parisis

06 30 61 34 48

Site de l’association : www.etbiendansonsmaintenant.fr
Courriel de l’association : etbiendansonsmaintenant@gmail.com

Mise en scène et chorégraphie  : Emma Pasquer

Composition de la musique : Lionel Bourau-Glisia

Avec : Claire Duchêne, Claire Frament, Alexandre Goldinchtein, Tristan Lhomel, Estelle Pasquer, Laura Périnet-Marquet, Élise Pierre, Juliette Quillevère, Audrey Vernichon, Clémence Viandier, Mathilde Vilaca

Interprétation de la musique : Maëlle Dequiedt, Perrine Ducept, Alix Gauthier, Thomas Rosembaum

Centre des Halles-le Marais, centre culturel de la ville de Paris • 6-8, place Carrée-Forum des Halles-porte-Saint-Eustache • 75001 Paris

Réservations : 01 40 28 18 48

Jeudi 26 et vendredi 27 janvier 2012 à 20 heures

Durée : 1 h 30

9 € | 7 €

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