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Par Les Trois Coups
Une pépite à dégager
de sa gangue
Par Jean-François Picaut
Les Trois Coups.com
Depuis qu’ils ont créé, en 1985, le Théâtre de l’Arpenteur, Hervé Lelardoux et Chantal Gresset travaillent en direction du jeune public. Depuis 1998, la « ville invisible » est le fil rouge de leurs créations sur le thème de l’espace public, qu’ils investissent parfois. « Voyages en ville invisible » est leur huitième spectacle à proposer un parcours sensible dans l’espace urbain. Cette nouvelle création comporte quelques moments empreints de grâce pure.
« Voyages en ville invisible » | © Nicolas Joubard
Chaque enfant arrive au théâtre muni d’une enveloppe portant ses nom et adresse. Après un parcours dans une ville miniature, il est invité à la déposer dans la boîte aux lettres, modèle « La Poste », qui trône à l’entrée de la salle. Quelques jours après le spectacle, chacun recevra à son domicile une missive signée de l’un des personnages de la pièce.
L’échange épistolaire est en effet le moteur du spectacle. Un vieil homme qui a beaucoup voyagé revient dans sa ville natale. Par l’intermédiaire de la correspondance, il noue des liens avec les enfants qui vivent maintenant dans sa ville. Au gré des courriers qu’il écrit en les disant à haute voix se déroule un parcours, empreint de nostalgie le plus souvent, entre la ville d’autrefois et celle d’aujourd’hui, les villes d’ailleurs et celle d’ici.
L’exposition qui met en scène la levée du courrier puis son parcours jusqu’aux destinataires pèche par sa longueur. Une levée, c’est intéressant, quatre, c’est vraiment exagéré : le jeune voisin commence sérieusement à se tortiller sur son siège. On retrouvera cette tendance à la répétition excessive dans une scène où un couple s’inquiète de savoir si son enfant dort. On s’explique mal cette façon de tirer à la ligne, en quelque sorte, car, en dehors de ces deux épisodes, le rythme est tout à fait satisfaisant.
Si l’on excepte quelques belles formules comme « Chacun porte en soi la maison de son enfance » ou « La neige, c’est du silence qui tombe sur la ville », le texte n’est pas inoubliable. Le mérite de la pièce est à chercher ailleurs.
Une véritable science des jeux d’ombre et de lumière
Le miracle de la scénographie imaginée par Hervé Lelardoux et Ludovic Billy est de nous faire voyager dans notre fauteuil avec des moyens très simples. Ce sont des jeux de lumière et d’ombre, des mises en voix très travaillées, une sorte de chorégraphie aussi dans les déplacements d’objets. La ville, ô paradoxe, devient un théâtre de la lenteur. Il y a là une vraie science du sensible. On peut parler aussi d’une vraie poésie de la ville et la bande-son, très travaillée, n’y est pas étrangère.
Amputée d’un quart d’heure, vingt minutes peut-être, la pièce sortirait de sa gangue. Chacun, petit ou grand, pourrait alors succomber au charme de cette pépite, qui scintille au cœur de la nuit comme la maison natale au cœur du vieil homme qui tient la plume. ¶
Jean-François Picaut
Voyages en ville invisible, d’Hervé Lelardoux
Théâtre de l’Arpenteur • 16, rue Guillaume-Lejean • 35700 Rennes
02 99 36 89 98
Site : www.les-arpenteurs.com
Courriel : lesarpenteurs@wanadoo.fr
Mise en scène : Hervé Lelardoux
Avec : Éric Antoine, Katia Lutzkanoff, Louis-Basile Samier et la voix de Roman Roullier-Lucas
Scénographie : Hervé Lelardoux et Ludovic Billy
Costumes et accessoires : Alain Burkarth
Mise en son : Cédrick Gonod
Vidéo : Wilhem Mastagli et Moïse Bonicho
Régie son et lumière : Fabien Tessier
Théâtre national de Bretagne, salle Serreau • 1, rue Saint-Hélier • 35000 Rennes
Réservations : 02 99 31 12 31
Du 6 au 16 décembre 2011 à 19 heures et/ou 15 heures
Durée : 1 h 15
15,5 € | 12 € | 10 €
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