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Par Les Trois Coups
« La Révolte des fous »,
d’Henri-Frédéric Blanc
Théâtre Toursky à Marseille
Vendredi 19 décembre 2008 à 21 heures
Avec : Richard Martin
Voir la critique de Vincent Cambier pour les Trois Coups
Un spectacle fraternellement fou, intelligent et drôle
On se souvient de la fascinante présence de Richard Martin dans Réception du diable, ce monologue fracassant où il donnait toute sa dimension à ce personnage audacieux et plein de verve. Il nous revient insoumis et rebelle, criant d’humanité, dans une nouvelle création d’Henri-Frédéric Blanc.
Dans ce rôle flamboyant écrit pour lui et pour le public du Théâtre Toursky, Richard Martin incarne un directeur d’hôpital psychiatrique sur le chemin de la retraite, médecin-chef en proie à ses patients et à ses démons – notamment à un calamar qui ne cesse de le hanter et qui est pour lui l’image du néant, un néant agressif, glouton et virulent, contre lequel il a lutté toute sa vie et qui, malgré le succès de sa carrière, ne désarme pas.
La verve farcesque, satirique et philosophique d’Henri-Frédéric Blanc se donne libre cours dans cette pièce où la folie est la métaphore de la poésie, de l’imagination, de notre génie à tous enfermé dans nos oubliettes intérieures.
La folie fleurit au-dehors mais aussi au-dedans. Celui qui s’approche de la vérité est aussi menacé de l’intérieur. Chez le personnage, le feu sacré menace de s’éteindre sous la routine du bon sens, et il cherche désespérément de quoi l’entretenir. Le monstre est-il le djinn étouffé, bafoué, enterré sous le jeu social, ou au contraire l’homme raisonnable, l’homme réussi ?
Auteur marseillais souvent joué au théâtre, Henri-Frédéric Blanc est un écrivain majeur de la littérature moderne, libertaire et anarchiste.
Ses textes emplis d’humanité transpirent d’une vitalité propre à sa langue d’inspiration rabelaisienne. Le thème de la cruauté du monde montré dans toute sa nudité hante la plupart de ses œuvres.
L’utopie de Martin rejoint celle de Blanc, qui déploie ici plus que jamais sa critique de la rationalité économique totalitaire, bulldozer impitoyable qui risque de faire du monde un désert peuplé de chiffres et d’âmes mortes. Mais comme toujours chez Blanc, le toboggan se transforme en tremplin : libéré de ses liens, l’esprit peut affronter joyeusement et ridiculiser à mort son ennemi, le Néant.
Ce texte est édité dans le nº 12 de la Revue des archers.
Coproduction Le Phénix, scène nationale de Valenciennes, LAM Production
Recueilli par
Les Trois Coups
Voir la critique de Vincent Cambier pour les Trois Coups
Théâtre Toursky • 16, promenade Léo-Ferré • 13003 Marseille
Réservations : 0 820 300 033
Tarifs de 3 à 23 euros
Photo : @fred
Ce spectacle sera repris au Phénix, scène nationale de Valenciennes les 16 et 17 janvier 2009, puis tout le mois de juillet 2009 pendant le Off d’Avignon au Théâtre du Chêne-Noir.
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