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Le journal quotidien du spectacle vivant en France. Critiques, annonces, portraits, entretiens, Off et Festival d’Avignon depuis 1991 ! Siège à Avignon, Vaucluse, P.A.C.A.

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« Bamboo Blues », de Pina Bausch (critique de Jeanne C.), Théâtre de la Ville à Paris

Hymne à l’amour et au respect

 

Cela faisait très longtemps que je n’avais pas vu un spectacle de danse et j’avais oublié à quel point cet art pouvait autant nous transporter, nous submerger d’émotions. J’avais surtout oublié que le corps pouvait parler, nous parler, de façon peut-être même plus percutante et immédiate que la parole.

 

Bamboo Blues est la quarante-deuxième création de la très célèbre chorégraphe et danseuse allemande Pina Bausch. Pour ce spectacle, elle s’est fortement imprégnée de la culture indienne, qu’elle a découverte lors de nombreux voyages. En effet, Bamboo Blues a été imaginé et conçu à Calcutta et au Kérala dans le sud de l’Inde. La chorégraphe a emprunté de nombreuses références à l’Inde ancestrale (costumes, musiques, mythologies), mais aussi à la société indienne contemporaine (cinéma). Entre sensualité et performance, Pina Bausch et ses danseurs nous embarquent dans leur univers, magique, profond, festif, charnel. Ce spectacle est un hymne à ce pays, où perdure « un sens de l’amour et du respect ».


Contrairement à ce qu’on a pu voir dans certains de ses précédents spectacles, où la violence était très présente, Pina Bausch nous propose ici des images assez tendres, voire humoristiques (notamment un irrésistible défilé de mode en sari). Elle se sert de l’Inde pour nous montrer le chaos dans lequel se trouvent les Occidentaux en ce qui concerne les rapports humains. Elle dit d’ailleurs : « Depuis que le monde est devenu si dur, je n’ose plus chorégraphier de scènes de violence. Le monde entier a peur, et il revient aux artistes de rendre l’espoir, en rappelant la beauté du monde et de certaines relations humaines. »


« Bamboo Blues » | © L. Philippe


Pina Bausch se sert de la danse pour faire une étude sociologique. Et quel meilleur outil pour parler d’humanité que le corps humain lui même ? Dans Bamboo Blues, le travail sur les corps et ce qu’ils expriment est absolument extraordinaire. Ce qui m’a le plus troublée, c’est cette passion quasi animale qui les anime. Les mouvements des danseurs ne répondent à aucun code. Pina Bausch ne travaille pas sur des pas de danse bien précis, mais pousse à leur paroxysme les possibilités anatomiques de chaque danseur. De cette liberté corporelle naissent des chorégraphies qui font appel directement à tous nos sens. On vit chaque mouvement avec le danseur. Les corps s’expriment, aiment, souffrent, se débattent, se défendent. Sans mots ou presque, les danseurs établissent des situations, nous transmettent des émotions. Ils nous parlent de relations hommes-femmes, de solitude, de jalousie, de séduction. Pas besoin de texte, le corps dit tout, avec précision. Bamboo Blues est un spectacle indéfinissable, mené par dix-sept danseurs tous plus talentueux et singuliers les uns que les autres. Les solos sont d’ailleurs de véritables moments de grâce.


Pina Bausch a véritablement révolutionné le monde de la danse en créant le concept de Tanztheater (théâtre de la danse). Et ce n’est pas pour rien que tous ses spectacles se jouent à guichets fermés, c’est somptueux ! Bamboo Blues ne déroge pas à la règle, c’est complet, archicomplet. Si vous avez la chance d’avoir une place, je vous promets que vous allez passer un moment mémorable. Si ce n’est pas le cas, ruez vous dès l’ouverture de la billetterie de son prochain spectacle… 


Jeanne C.

Les Trois Coups

www.lestroiscoups.com


Bamboo Blues, de Pina Bausch

www.pina-bausch.de

Mise en scène et chorégraphie : Pina Bausch

Avec : Pablo Aran Gimeno, Rainer Behr, Damiano Ottavio Bigi, Clémentine Deluy, Silvia Farias, Nayoung Kim, Eddie Martinez, Thusnelda Mercy, Jorge Puerta Armenta, Asuza Seyama, Franko Scmidt, Shantala Shivalingappa, Fernando Suels Mendoza, Kenji Takagi, Anna Wehsarg, Tsai Chin-yu

Décor et vidéo : Peter Pabst

Costumes : Marion Cito

Collaboration musicale : Matthias Burkert, Andreas Eisenchneider

Assistants à la mise en scène : Marion Cito, Daphnis Kokkinos, Robert Sturm

Assistante décor : Gerturb Stoffel

Assistante costumes : Svea Kossak

Directrices de ballet : Christine Biedermann, Christine Kono

Direction technique : Jorg Ramershoven

Direction lumières : Cordelia Muhlenbeck, Lars Priesack, Jo Verlei

Son : Karsten Fischer

Techniciens plateau : Dietrich Roder, Martin Winterscheidt

Accessoiriste : Thomas Ahrens

Habilleurs : Silvia Franco, Andreas Maier

Thérapeute en shiatsu : Ludger Muller

Ostéopathe : Didier Brissaud

Théâtre de la Ville • 2, place du Châtelet • 75004 Paris

Réservations : 01 42 74 22 77 ou www.theatredelaville-paris.fr

Du 16 juin au 2 juillet 2008 à 20 h 30, dimanche 22 juin 2008 à 17 heures

Durée : 2 heures

30 € | 23,5 €

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M
<br /> Il faudra bien qu'un<br /> jour Pina Bausch revienne aux notions préliminaires d'une chorégraphie<br /> créative. Il y a deux ans, j'évoquais déjà ces redondances cycliques qui nuisaient à notre enthousiasme pour apprécier son art. Un an plus tard, en 2007, débutait une véritable éclipse qui aurait pu être totale et amener cette année à un pénible enterrement de toute lueur créative chez la chorégraphe teutonne.<br /> Depuis lundi, le Théâtre de la Ville nous propose le spectacle Baboo Blues de Pina Bausch pour la dernière programmation de Gérard Violette.<br /> Retour en Inde, à l'eau du Gange, aux saris qui volent et se plient...<br /> Une première partie d'une heure, un entracte de vingt minutes, une<br /> seconde partie d'une heure. Près de deux heures et demies, donc, où<br /> l'on s'ennuie beaucoup. Quand arrive sur scène la danseuse et son seau<br /> d'eau, coup d'oeil complice à mon voisin : nous savons déjà qu'elle va<br /> y plonger la tête à se noyer. Pourtant, entre deux bâillements, nous<br /> sommes surpris d'être séduits par un porté magique, ou un tableau noir<br /> et blanc de corps qui glissent sur le sol. Tout n'est pas perdu. Il<br /> reste un petit espoir de retrouver l'enthousiasme des premières années.<br /> Car Pina, c'est un peu comme le KFC. Plus personne ne va dans ce<br /> restaurant de viande de poulet pour y manger du poulet : on y va manger<br /> du KFC. Maintenant il nous reste à redécouvrir le plaisir<br /> d'aller voir Pina, non pas pour Pina, mais pour voir de la danse. Ne<br /> plus avoir l'obligation de s'alimenter de notre dose annuelle<br /> wuperthalienne, mais retrouver le goût de la danse.<br /> <br />
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