Le journal quotidien du spectacle vivant en France. Critiques, annonces, portraits, entretiens, Off et Festival d’Avignon depuis 1991 ! Siège à Avignon, Vaucluse, P.A.C.A.
Par Les Trois Coups
Violons dingues
Le Quatuor dévergonde au théâtre la musique classique depuis vingt ans. Une prouesse d’humour musical, où se mêlent chant, acrobaties, danse, parodie et mimes pour un véritable concentré de plaisir.
Nœuds papillons, queues-de-pie et instruments à cordes : les réfractaires à la musique classique auraient pu s’attendre à un concerto ennuyeux ou, du moins, à un concert traditionnel. Mais Jean-Claude Camors, Laurent Vercambre, Pierre Ganem et Jean-Yves Lacombe ont plus d’une corde à leur arc. De Bach à Hendrix, de Vivaldi aux Beatles, de la musique de l’Est au Temps des cerises, ils interprètent avec brio et surtout beaucoup d’humour une large palette de notre répertoire classique et populaire.
À l’intérieur de chaque tableau, marqué par un style musical précis allant du rock au folklore ou du classique à la variété, se dessine une nouvelle histoire entre les violonistes. Tour à tour, ils jouent du violon entre les jambes, avec un peigne, ou à quatre sur une chaise. Mais au-delà de la prouesse technique qui les range dans la catégorie des bons musiciens, leur interprétation cocasse fait d’eux de grands comédiens. Avec leurs mimiques, leur gestuelle et leurs pitreries, ils dérident le public pendant près de deux heures.
Chaque personnage présente un caractère particulier. Jean-Claude Camors (violon) se moque gentiment des professeurs de musique, intransigeants et survoltés. Pierre Ganem (violon alto) est le pataud qui accumule les maladresses. Jean-Yves Lacombe (violoncelle) vient d’atterrir sur Terre et ne comprend pas grand-chose. Enfin, Laurent Vercambre (violon), dont on peut regretter l’effacement face à ses complices, excelle dans le rôle du pitre de service.
La mise en scène, loin d’être négligée, use de jeux de lumière appropriés pour mettre en valeur chacun des artistes et non l’ensemble des musiciens. Les costumes et le port des comédiens, volontairement très conventionnels, participent du paradoxe comique entre le rigide des morceaux originaux et la folie des interprètes. Les moyens employés – rideaux sur scène, écran géant, foisonnement d’accessoires – concourent au divertissement populaire sans perdre de vue la dimension théâtrale du Quatuor.
© D. Pallag
Qu’ils chantent comme des casseroles, prennent feu avec un gâteau d’anniversaire, jouent les rock stars avec leur instrument à cordes ou dévorent les pommes avec lesquelles ils jonglent, nos musiciens parviennent à fédérer un large public, jeunes et moins jeunes, hommes, femmes, de toutes conditions sociales. Pour autant, il serait péjoratif de dire que le Quatuor « démocratise » la musique classique. Certes, il la détourne en la rendant plus digeste, mais il octroie aussi à son public mélomane clins d’œil et références que seuls les initiés peuvent comprendre.
Il faut pourtant avouer l’inégale réussite de certains passages à la moitié du spectacle, notamment lorsque les morceaux ne sont pas très connus ou que les comédiens jouent sur l’émotion suggérée plutôt que sur l’humour décalé. C’est le moment idéal pour un petit karaoké improvisé avec les spectateurs, terriblement drôle et entraînant.
Un spectacle de théâtre où l’on tape du pied, chantonne, rit aux éclats et parle à son voisin : un pur moment de bonheur au service du spectacle vraiment vivant. ¶
Julie Olagnol
Les Trois Coups
Corps à cordes, du Quatuor
Mise en scène : Alain Sachs
Avec : Jean-Claude Camors (violon, chant), Laurent Vercambre (violon, chant), Pierre Ganem (alto, chant) et Jean-Yves Lacombe (violoncelle, chant)
Lumières : Philippe Quillet
Arrangements musicaux : Patrice Peyrieras et le Quatuor
Direction musicale : Cécile Girard
Direction technique : Dominique Peurois
Conception son : Antoine Garry et Stéphane Lorraine
Régie son : Pierre-François Decroix ou Antoine Garry ou Stéphane Lorraine
Régie lumière : Dominique Peurois ou Moïse Hill
Régie plateau : Denis Richard ou Moïse Hill
Accessoires : Denis Richard
Costumes : Pascale Bordet
Administration de tournée : Vincent Ganem
Théâtre des Célestins • 4, rue Charles-Dullin • 62002 Lyon
Réservations : 04 72 77 40 40
Du 9 au 31 décembre 2008 à 20 heures, dimanches et jeudi 25 décembre 2008 à 16 heures, relâche les lundis et le mercredi 24 décembre 2008
Durée : 1 h 45
15-32 € | 13,50-29 € | 7,50-16 €
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