Par Jean-François Picaut
Les Trois Coups.com
Nouvelle étoile montante au firmament du jazz, Tricia Evy, jeune chanteuse d’origine guadeloupéenne, vient de sortir un nouvel album, « Meet Me ». À cette occasion, « les Trois Coups » vous proposent de la rencontrer.
Tricia Evy | ©Jean-Baptiste Millot
Les Trois Coups. — Votre tout récent album, Tricia Evy, s’appelle Meet Me. Les Trois Coups répondent donc à votre invitation, et je vous remercie d’avoir accepté de rencontrer nos lecteurs par mon intermédiaire. Si vous le permettez, ma première question sera : « Tricia Evy, c’est votre nom de scène ou votre nom de naissance » ?
Tricia Evy. — C’est moi qui vous remercie d’avoir accepté de me rencontrer. Et je suis très heureuse également de pouvoir rencontrer les lecteurs des Trois Coups. Pour répondre à votre question, Tricia c’est mon prénom et Evy, c’est mon deuxième prénom. J’ai toujours été fière de mes deux prénoms.
Les Trois Coups. — Comment vous êtes-vous formée à la musique et plus spécialement au jazz ?
Tricia Evy. — J’ai appris le jazz sur scène, je n’ai fait aucune école. J’ai la chance de pouvoir apprendre très vite, en observant et en écoutant ce qui se passe autour de moi. J’ai donc appris le jazz en écoutant Ella Fitzgerald, Louis Armstrong, Billie Holiday. Et j’ai appris à chanter en écoutant Patrick Saint-Éloi et Georges Brassens. Le jazz, je m’y suis mise en 2007. Ça été un vrai coup de cœur.
Les Trois Coups. — Même si j’y retrouve votre voix claire et chaude, d’une belle étendue, votre sens aigu de la pulsation, Meet Me semble pour moi assez différent de ce que je connaissais, notamment dans votre hommage à Ella Fitzgerald. Vous avez l’impression d’une évolution, voire d’un tournant ?
Tricia Evy — Avec moi, il ne faut s’attendre à rien mais juste se laisser surprendre. On ne peut pas parler d’évolution ou de tournant, quand le jazz est là, il reste. Je m’épanouis et je m’exprime chaque jour un peu plus. J’ai fait un album qui me ressemble, il est jazz, mais pas seulement…
Les Trois Coups. — Comment avez-vous choisi les musiciens qui vous accompagnent dans cet album ?
Tricia Evy — Ce sont des rencontres, des coups de cœur. Dans la musique, le côté humain et les affinités sont très importants. Je ne me voyais pas faire cet album sans David Fackeure et Thierry Fanfant. Ils me soutiennent depuis le début de ma carrière, et ce sont de merveilleux musiciens. Francis Arnaud, je l’ai rencontré plus tardivement, lors d’un hommage à Billie Holiday, l’année dernière, et j’ai adoré son jeu subtil et pourtant bien présent. Je l’appelle « le Bijou ». J’ai aussi invité le talentueux Sonny Troupé, comme une cerise sur le gâteau.
Dans cet album, vous signez, comme auteur, trois titres en français et j’en suis ravi, car vous apportez la preuve que notre langue est évidemment compatible avec le jazz. C’est un aspect que vous aimeriez développer ?
Tricia Evy. — Je suis ravie que les morceaux en français vous plaisent. Le français est ma langue maternelle, donc je suis plus à l’aise avec cette langue pour écrire et exprimer mes sentiments. J’ai écrit en français parce que c’est cette langue qui m’est venue en écoutant ces morceaux. Parfois, c’est plutôt l’anglais, d’autres fois, c’est le créole. Mais le plus important en fin de compte, c’est de faire swinguer tout ça. Tant que ça sonnera juste à mon oreille, je continuerai.
Les Trois Coups. — Meet Me comporte des univers musicaux assez différents. C’est pour montrer l’étendue de vos possibilités ? Cet éclectisme vous est naturel ? Ou c’est un manifeste pour la diversité ?
Tricia Evy. — Je revendique mon éclectisme [rires]. Je suis issue du métissage entre deux îles (Guadeloupe et Martinique). Je suis née à Bondy, j’ai commencé le jazz il y a six ans, j’aime la bossa-nova, la chanson française, la biguine et plein d’autres choses. Donc, j’ai appris, depuis toute petite, à être ouverte d’esprit et je ne me mets aucune barrière. À partir du moment où la musique me touche et que j’arrive à bien la chanter, je ne vois pas de raison de ne pas le faire. Et puis je n’ai rien à prouver, je me fais juste plaisir en espérant que ça fera plaisir à d’autres personnes.
Les Trois Coups. — Vos origines sont antillaises, caribéennes, c’est un atout dans votre musique ?
Tricia Evy. — Tout ce qui fait de moi celle que je suis aujourd’hui est un atout. Donc, oui, mes racines antillaises, caribéennes, j’en suis très fière. Je le dis à chaque fois que j’en ai l’occasion, la musique antillaise m’a beaucoup aidée pour le jazz. Ce sont des musiques qui ont un chemin parallèle.
Les Trois Coups. — Merci encore, Tricia Evy, de vous être prêtée de si bonne grâce à cette rencontre.
Tricia Evy. — Merci à vous. Au plaisir de vous rencontrer en direct très bientôt. ¶
Propos recueillis par
Jean-François Picaut
Meet Me, par Tricia Evy
Un album Plus loin music / Abeille musique (2013)
Avec : Tricia Evy (chant), David Fackeure (piano), Thierry Fanfant (contrebasse, basse et guitare), Francis Arnaud (batterie) et Sonny Troupé (gwo ka sur Lanmou A)