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11 novembre 2007 7 11 /11 /novembre /2007 18:27

Ça tourne ! En rond…

 

Règlements de compte à Alta Villa, petite ville bizarre, où le bar du coin sert de lieu de rencontres à une population hybride et métissée. L’irrationnel règne en maître comme si les personnages, à l’instar des progénitures de mariages consanguins, étaient frappés de débilité plus ou moins lourde. Malgré une mise en scène alerte et des comédiens excellents, ce charivari lasse par sa cruelle indigence d’écriture.

 

Ça part pourtant bien : « We Are the Champions », l’hymne immortalisé par les Bleus en 1998 après leur victoire hystérique. Le tube des Queens est susurré par huit personnages avec pour tout accompagnement un banjo discret et un torchon qui bat la mesure sur un comptoir de bar. Rires dans la salle. S’ensuivent quelques propos bien sentis sur la vacuité fondamentale qui habite l’esprit des amateurs de ce sport idiot. L’action se situe en effet juste après cet évènement, qui fit décoller le coq gaulois de son tas de fumier pour aller chanter son cocorico à la face du monde.


Alta Villa est un village tellement bizarre qu’on dirait qu’il « y a plusieurs centres-ville ». On arrive au bar, les mouches s’affairent, c’est l’été finissant. Karim est barman, il vient d’être embauché. Nanard, le gars du pays au sabir imcompréhensible, sa « Caporal » constamment vissée au coin de la bouche, fait partie des meubles, lui et sa légendaire « faisane à moteur » (comprenez : sa 4L rongée par la rouille). On croise aussi un idiot comme dans tout village, la douce et belle Faïza et son fiancé, le tonitruant Frank. Tout ce petit monde va laisser échapper progressivement ce qu’il a sur le cœur. Et c’est là que tout va déraper, dans le texte comme sur la scène.


altavilla-fw.jpg

© Kraemer


La mise en scène n’est pourtant pas à blâmer. Le travail est remarquable, rythmé, osé. C’est en effet un parti pris très cinéphile pour lequel opte Mathieu Bauer, en découpant le spectacle en séquences, en bobines imaginaires. Ça chante, ça danse, les narrateurs se succèdent. Mais tout cela finit par tourner en rond, par sonner creux tant la lourdeur du texte plombe l’ensemble. En dépit de quelques envolées où le style se fait léger, les vociférations – où la grossièreté s’impose (il y a là plus de « putain » que de « fuck » dans un film de Tarantino) – prennent le dessus. Le récit, complètement éclaté et abscons, où se mêlent la guerre d’Algérie et les règlements de compte qu’elle engendre, déstabilise et laisse le spectateur en rade.


Dommage. On aurait tellement aimé adorer ce spectacle, où la délicieuse Judith Henry (la discrète de Christian Vincent et la Catherine Maheu du Germinal de Claude Berri), ainsi que ses partenaires font un sans-faute. 


Franck Bortelle

Les Trois Coups

www.lestroiscoups.com


Alta Villa, contrepoint, de Lancelot Hamelin

Mise en scène : Mathieu Bauer

Avec : Marc Berman, Judith Henry, Mounir Margoum, Richard Sandra, Martin Selze, Sylvain Cartigny, Stan Valette, Mathieu Bauer

Scénographie : Jean-Marc Skatchko

Lumières et régie générale : Stan Valette

Création sonore : Alain Gravier

Théâtre Ouvert • 4 bis, cité Véron • 75018 Paris

Réservations : 01 42 55 55 50

Du 9 novembre au 1er décembre 2007

Du mercredi au samedi à 20 heures, le mardi à 19 heures, matinée le samedi à 16 heures

Exceptionnellement, lundi 12 novembre 2007 à 20 heures

Durée : 1 h 15

20 € | 15 € | 10 € ; scolaires : 8 €

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