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12 septembre 2008 5 12 /09 /septembre /2008 01:49

Dommage...

 

Le Théâtre 14 place sa rentrée sous le signe de l’année Richelieu. À l’honneur, une pièce de Jacques Rampal créée à cette occasion, « la Journée des dupes ou le Triomphe de Richelieu ». Malheureusement, le caractère éminemment dramatique de ce jour historique, comme du texte qui nous le fait revivre, est étouffé par une mise en scène trop figée.

 

L’année 2008 marque le quatre-centième anniversaire de la prise de possession, par Armand Jean du Plessis, de son évêché de Luçon. Première marche de l’ascension politique de celui que, sous le nom de Richelieu, l’histoire retiendra comme le fondateur de notre État moderne… Du long « règne » de Richelieu, Jacques Rampal retient pour sujet de sa pièce un épisode décisif : la fameuse « Journée des dupes », ces intenses vingt-quatre heures durant lesquelles, entre le 10 et le 11 novembre 1630, le cardinal fut démis de ses fonctions, puis replacé par Louis XIII, envers et contre tout, sur le devant de la scène politique.


L’auteur de Célimène et le Cardinal a de l’audace et du talent. De l’audace, pour écrire aujourd’hui une pièce entière en alexandrins. Du talent, pour que, à l’écoute de ces alexandrins fluides et modernes, l’on se demande pourquoi cette forme a bien pu tomber en désuétude. Jacques Rampal trouve dans la Journée des dupes, moment crucial de l’histoire de France qu’une fiction dramatique n’aurait guère pu rendre plus haletant, une matière idéale à son écriture à la fois ample et incisive, grave et pétillante.

 

 

Péripéties, exclamations et coups de théâtre semblent donc au programme… Mais, en fait de surprises, celles que nous réserve le spectacle ne sont guère celles espérées. De rebondissements, point. De suspense, encore moins. Car la mise en scène d’Yves Pignot semble se complaire dans une immobilité et une lenteur allant jusqu’à étouffer les saillies savoureuses généreusement offertes par le texte. De postures statiques en silences cérébraux, nos yeux curieux et nos oreilles avides hésitent entre l’impatience et l’ennui.


Pourtant, la mise en scène ne manque pas d’idées intéressantes : interludes chantés a capella par les serviteurs ; danse mémorable de Louis XIII et Anne d’Autriche, qui, mieux que tous les discours, révèle la distance entre ces deux êtres… Pour que ces trouvailles se transforment en véritables instants de grâce, il aurait sans doute fallu qu’elles soient mieux mises en valeur, par des contrastes plus affirmés.


Et puis, il y a le charisme indéniable d’Emmanuel Dechartre en Richelieu, de Julie Ravicz en Marie de Médicis. Et l’interprétation drôle et subtile de Benoît Solès, qui propose un Louis XIII intelligent et attachant, empli de cette ironie propre à ceux dont la médiocrité ne se situe que dans le regard des autres.


En somme, une belle partition, de bons interprètes dans l’ensemble, mais une figure essentielle manque à l’appel : le rythme… Ou bien est-ce l’effet de la première ? 


Sarah Del Pino

Les Trois Coups

www.lestroiscoups.com


La Journée des dupes, de Jacques Rampal

Mise en scène : Yves Pignot

Avec : Emmanuel Dechartre, Benoît Solès, Julie Ravicz, Cécile Paoli, Florian Cadiou, Daniel-Jean Colloredo, Didier Neverd, Rachel Pignot, Stéphane Valin

Costumes : Ève-Marie Arnault

Maquillage-coiffure : Rose-Edmonde Tacail

Décors : Jacques Voizot

Création lumière : François-Éric Valentin

Musique : Fabien Colella

Chorégraphie : Sophie Rousseau

Théâtre 14 - Jean-Marie-Serreau • 20, avenue Marc-Sangnier • 75014 Paris

Réservations : 01 45 45 49 77

Du 9 septembre au 25 octobre 2008, du mardi au samedi à 20 h 30, le jeudi à 19 heures

Durée : 1 h 50

20 € | 14 € | 8 €

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