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21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 11:25

Obscurément drôle


Par Lise Facchin

Les Trois Coups.com


Quatre formes courtes de Courteline (et sans déraper s’il vous plaît !) sont réunies dans ce spectacle grinçant qui revisite l’auteur à la manière des surréalistes. On découvre une autre facette de son écriture, bien au-delà des simples querelles domestiques. Porté par des comédiens généreux, on rit avec une certaine cruauté de ces personnages parfois si pitoyables.

Des deux côtés de la scène, les comédiens se griment à coups d’épaisses touches de blanc et de noir. Sur le plateau se succèdent les structures déformées d’un pupitre d’écriture, d’une chaise, d’un lit ou d’un portemanteau. Autant d’éléments qui révèlent une volonté de fuir le réalisme, l’identification, qui enferme si souvent Courteline dans le vaudeville.

La Paix chez soi, Monsieur Badin, la Peur des coups et Mentons bleus mettent en scène des personnages dans des situations qui frôlent le théâtre de l’absurde. On y voit, par exemple, un employé de bureau demander une augmentation à son patron qui l’avait convoqué en raison de son absence au bureau depuis plusieurs mois. Avec le plus grand sérieux, il lui explique que les angoisses provoquées par son incapacité à se rendre à son poste lui sont une telle charge qu’elle mérite une augmentation… Ou bien un homme qui met des amendes à sa femme lorsqu’elle lui déplaît, ou encore un ancien comédien raté qui relate les succès qu’il n’a jamais eus.

© Jac

Légèrement musicalisée, la mise en scène dégage une énergie et un rythme qui nous emportent. Tout un panel de bruits vient ajouter du piment au jeu des acteurs, et de l’imagination aussi. Ici, on ne se contente pas des mots : on joue. L’acteur est un jeu dont les règles sont certes données par les textes, mais aussi par les limites de son corps et de sa créativité. Les portes (invisibles mais palpables) sont sonorisées à la guimbarde, le taille-crayon du chef de service obsessionnel de la pointe de crayon, frotté à la limaille de fer. Quelques répliques, entre le chant et le parlé, sont insérées : on n’en comprend pas vraiment le propos, mais l’harmonie n’en souffre pas.

Les trois comédiens passent d’un rôle à l’autre avec une aisance et une inventivité qui laissent rêveur. Leur plaisir de jouer est manifeste et touche agréablement le spectateur. Celui-ci rit à gorge déployée des bons mots de Courteline, qui, dans cette vision de son œuvre, sortent de la banalité. 

Lise Facchin


Courteline opérette, d’après Georges Courteline

Compagnie Ici et maintenant Théâtre • 11, cours d’Ormesson • 51000 Châlons-en-Champagne

03 26 65 78 91

ici.maintenant.theatre@wanadoo.fr

Mise en scène : Christine Berg

Avec : Mélanie Faye, Elena Lloria Abascal, Laurent Nouzille, Gabriel Philippot, Vincent Parrot

Scénographie : Renaud de Fontainieu

Lumières : Pablo Roy

Musique originale : Lyonnel Borel

Maquillages et costumes : Nathalie Charbaut

Les Trois Soleils • 4, rue Buffon • 84000 Avignon

Réservations : 04 90 84 09 13

Du 8 au 31 juillet 2009 à 13 h 30

Durée : 1 h 15

14 € | 10 €| 5 €

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