Les Berniques en folie : qualité et partage
Par Léna Martinelli
Les Trois Coups.com
Ce festival de L’Île-d’Yeu, dont c’était la 15e édition cette année, vient de s’achever. Une dizaine de spectacles autour de la musique, dont la plupart gratuits. Un succès bien mérité avec de belles rencontres et découvertes !
Faut bien être un peu « ouf » pour concevoir un festival en plein automne au large de l’Atlantique ! Sa joyeuse bande d’organisateurs n’est pourtant pas atteinte par la folie des grandeurs. La manifestation ne préfère-t-elle pas les talents atypiques aux têtes d’affiche ? Elle est plutôt stimulée par ce pari culotté de mettre sur pied un tel évènement à L’Île-d’Yeu. En effet, l’insularité impose de lourdes contraintes, à commencer par le transport en bateau qui fait exploser les coûts de production : « La mairie, le conseil général et plusieurs commerçants nous soutiennent, mais le budget des Berniques en folie est vraiment modeste », explique Clément Bertrand qui en a repris la direction il y a cinq ans, avec Jude, Michel, Delphine, Sylvie, Rosenn et Eddy.
Alors, comme d’habitude, la population locale s’entraide. L’équipe de bénévoles assure vraiment : organisation, technique, hébergement, restauration… ils sont sur tous les fronts. Leur implication témoigne du réel engouement des îliens pour cet évènement désormais incontournable qui repose sur la volonté de donner tout leur sens aux traditions d’accueil et d’échange de L’Île-d’Yeu. Oui, le festival s’est bien accroché à son « caillou ». Comme les berniques, ces coquillages collés aux rochers qui résistent aux vents et marées.
Une programmation de qualité
La programmation, éclectique, est une belle occasion de montrer le dynamisme des scènes îslaises, depuis les bars aux ambiances intimistes (L’Esquadrille, Le B.D.M., L’Équateur, Le Navigateur) jusqu’au mythique Casino et La Citadelle, foyers de la culture, en passant par Le Plan B, sans doute le lieu le plus branché de L’Île-d’Yeu, entre épicerie solidaire, espace de rencontres artistiques et maison de quartier.
Côté musical, le croisement des genres est de mise. Ainsi, Ezza a partagé son point de vue sur le devenir de son peuple avec un groove du désert mâtiné de musique traditionnelle touareg, tandis que le groupe Vaguement la jungle revisitait Mozart, Led Zeppelin ou Massive Attack. Surprenant, aussi, comme des artistes peuvent, avec des moyens différents, provoquer des ondes de choc : Loïc Lantoine chante, dit, éructe, et sa voix nue, accompagnée d’une guitare, suffit pour viser juste, au centre de l’humain, alors que Logilo & The Supersoul Brothers, dix instrumentistes sur scène et derrière une platine, ont offert un show généreux, avec du bon gros son, qui ramène aux sources du hip-hop. Du coup, le public, comblé, a fait chauffer le dancefloor. Enfin, Niobé nous a embarqués avec ses pulsations musicales glanées çà et là, ses rythmes chaloupés, ses textes ciselés. Il brasse les utopies, et ça fait chaud au cœur.
Loïc Lantoine | © Florent Sorin
Même si le fil rouge reste la musique, l’ouverture vers le théâtre semble avoir été très appréciée cette année. Ainsi, Kurt Cobain, peu importe, tant pis… de la compagnie Boîte à outils a retracé la trajectoire de Kurt Cobain, interprète mythique à la fin tragique du groupe Nirvana. Quant à Élie Guillou, il a donné un one-man-show sur le périple parisien d’un « petit Breton » monté à la capitale pour pousser les portes dorées du Bataclan. Coup de cœur pour ce jeune artiste aux multiples facettes, entre autres conteur, chanteur et organisateur de concerts dans des Lavomatic.
Il y en a donc eu pour tous les goûts. Et tous les âges, puisque les petits ont également pu voir le Clown, la Fleur et l’Oiseau de la compagnie Taïko. D’ailleurs, aux Berniques en folie, l’esprit est bon enfant, c’est la convivialité qui prime. Du reste, la plupart des spectacles sont en accès libre. Trop confidentiel, ce festival mériterait pourtant d’être plus suivi, car la programmation est de qualité. Cette année, le public a été ravi de découvrir ces talents prometteurs ou plus confirmés. Mais si la population locale et des vacanciers de la Toussaint ont été de la fête, encore trop peu de curieux ont fait le déplacement du continent pour participer à l’évènement. Dommage ! Ils ont raté une bien belle édition. ¶
Léna Martinelli
Les Berniques en folie, 15e édition
Plusieurs lieux de Port-Joinville • 85350 L’Île-d’Yeu
Du 22 au 26 octobre 2014
Réservations : 02 51 58 32 58 (office de tourisme de L’Île-d’Yeu)
Page Facebook du festival : www.facebook.com/lLesberniquesenfolies
Kurt Cobain (peu importe tant pis…), par La Boîte à outils
Site : www.la-bo.eu
Mise en scène : Frédéric Jessua
Avec : Mélie Fraisse, Marie Nicolle, Baptiste Chabauty, Frédéric Jessua, Thomas Matalou, Liam Morrissey
Au Casino, le 22 octobre 2014, à 20 h 30
10 €
Concert de Niobé
Accompagné de Jacques Livenais, Tibo, Jean Fred Philéas
Site : www.jpniobe.wix.com/niobe-site
Au bar de L’Esquadrille, le 23 octobre 2014, à 19 h 30
Concert d’Ezza
Site : www.ezza.fr
Au bar du B.D.M., le 23 octobre 2014, à 22 h 30
Concert de Loïc Lantoine
Accompagné à la guitare par Karim Arab
www.facebook.com/LoicLantoineOfficiel
Au bar de L’Équateur, 24 octobre 2014, à 19 h 30
Concert de Vaguement la jungle
Site : http://www.vaguementlajungle.com
Au bar du Navigateur, le 24 octobre 2014, à 22 h 30
Le Clown, la Fleur et l’Oiseau, d’Isabelle Bord
Compagnie Taïko
Site : www.compagnie-taiko.fr
Le 25 octobre à 16 heures à la salle 3 de La Citadelle
5 €
Tout public, dès 3 ans
Rue Oberkampf, d’Élie Guillou
Site : www.elieguillou.fr
Au Plan B, le 25 octobre 2014, à 18 heures
Concert de Logilo & The Supersoul Brothers
Site : http://www.supersoulbrothers.com
Au Casino, le 25 octobre 2014, à 22 heures
10 €
Le Lavomatic tour, d’Élie Guillou
Site : www.elieguillou.fr
Au lavomatique La Tornade bleue, le 26 octobre 2014, à 17 heures