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9 février 1998 1 09 /02 /février /1998 22:44

Deux gentils papys aigris

 

Le titre, « le Vol des bougons », disons-le, ne m’inspirait guère. La surprise a été d’autant plus savoureuse que la pièce de Dau et Catella est un petit bijou humoristique d’humanisme vachard et de cruauté tendre.

 

theatre2-reduit.jpg

 

Deux vieux attendent la mort dans une maison de retraite quelconque. Pour faire reculer la Camarde et dissoudre leur peur, l’instituteur retraité et l’ancien boucher-charcutier se chamaillent quotidiennement, avec l’obstination de ceux qui n’ont plus que ce succédané de vie pour animer un horizon dérisoire et rance.

 

On pourrait alors croire que ces miteuses escarmouches – où, néanmoins, les fleurets ne sont pas toujours mouchetés – suffisent à leur univers rétréci.

 

Mais ils ne se contentent pas de ces étripailles mutuelles. En effet, l’alambic de leur cœur fielleux distille aussi ses gouttes acides sur leurs congénères. Car « les braves gens n’aiment pas que/l’on suive une autre route qu’eux ».

 

Et tous ces propos, vous vous en doutez, ne volent pas bien haut. Ces marins de basses eaux naviguent sur des rognures de sentiments et des raclures de pensées.

 

La grande intelligence de Dau et Catella, metteurs en scène et auteurs, est de nous faire aimer ces deux personnages, malgré tout.

 

L’instituteur étriqué et rigoureusement cartésien est interprété avec une belle conviction par Merle. Quant à Moulin, il compose, avec une jubilation et une précision évidentes, un boucher-charcutier teigneux, roué, malicieux, ronchon… et émouvant. Du travail d’horloger, offert au public comme une friandise. 

 

Vincent Cambier

Les Trois Coups

www.lestroiscoups.com


Le Vol des bougons, de Dau et Catella

Mise en scène : Dau et Catella

Avec : Merle et Moulin

Le Chien qui fume • 75, rue des Teinturiers • Avignon

04 90 85 25 87

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