Un cirque classique
Spectacle honorable, artistes compétents, pour une soirée de lumière et de fête à la veille de Noël. Et c’est un public ravi qui a accueilli « les Nouvelles Étoiles du cirque de Russie » dans l’Auditorium de Vaucluse jeudi dernier. Mais si la qualité des prestations est bien présente, le cirque perd peut-être un peu de son âme dans ces représentations hors chapiteau.
C’est un spectacle rodé qui nous a été présenté ce soir-là, puisque ces Nouvelles étoiles du cirque de Russie sont en tournée depuis six ans. De jeunes artistes dans des disciplines variées se succèdent sur le plateau au rythme d’un orchestre classique. Et c’est là l’originalité de cette revue : sur la scène sont présents sept violonistes, un contrebassiste, une violoncelliste, un percussionniste et une femme au clavier. Et ces musiciens font partie intégrante du spectacle. Ils jouent la comédie aussi bien que leurs morceaux classiques, sont pris à partie par le Clown blanc, se déplacent, font des farces aux autres artistes.
Le créateur de cette production est Denis Klopov, celui-là même qui fait office de Clown blanc et déroule le fil conducteur pendant ces deux heures. Artiste complet, Denis Klopov est tout d’abord musicien. Il s’attaque à des partitions renommées avec les instruments les plus divers : scie musicale, verres de cristal, clochettes… Mais c’est également un jongleur hors pair, dont les armes préférées sont des ballons et des parapluies.
Un petit brin de poésie
Plusieurs ingrédients manquaient pourtant à ce spectacle pour être totalement enchanteur. Tout d’abord, le problème de la langue ne facilite pas les échanges : notre Clown blanc avait bien du mal à se dépêtrer avec les cinq mots franco-italiens qu’il connaissait. Sans la beauté de la langue, les transitions reposent entièrement sur les gestes, les gags, et l’exercice devient plus difficile.
Mais l’ingrédient principal qui faisait le plus souvent défaut était la poésie. Sans elle, les gestes sont techniques, sans reproches, mais un peu froids. À certains moments pourtant, la magie prenait : ce fut le cas avec l’artiste Olga Goloubeva lorsqu’elle s’est élancée, suspendue aux rubans, dans des drapés et des déroulés qui coupaient le souffle. Grâce et humour étaient au rendez-vous. Belle prestation également d’un acrobate au sol, dont les membres semblaient suspendus à des ballons gonflés à l’hélium, et dont souvent seule une main portait le corps entier. Il y eut ainsi quatre ou cinq numéros où, les yeux écarquillés, on retrouvait l’émerveillement de l’enfance.
Dans ces grandes prestations, j’aime aussi les petits ratés qui rompent avec la routine, qui mettent plus de proximité, lorsque l’artiste s’y reprend à deux fois, avec ténacité, pour vaincre la difficulté : on apprécie l’homme ou la femme dans ces instants-là, on a l’impression de participer à un petit moment privilégié. Lorsqu’une balle tombe, comme cela s’est produit, et que l’artiste reprend son numéro jusqu’à ce que l’équilibre qu’il recherchait, la perfection qu’il voulait, sont enfin là, on se sent complice.
Un cirque sans chapiteau
Je ne m’étais pas posée la question, mais ce fut l’évidence pourtant : un cirque sans chapiteau perd un peu son âme. Il manque dans ces performances l’ambiance saltimbanque d’un cirque, les gradins de bois, les tentures, la piste ronde qui en font la magie. Et il est certainement plus difficile pour les artistes de faire passer une émotion dans une salle de spectacle plus anonyme. ¶
Martine Rieffel
Les Trois Coups
Les Nouvelles Étoiles du cirque de Russie
Mise en scène : David Klopov
Avec : David Klopov, Olga Goloubeva, Andreï Snejkovskiy, Serguie et Oxana…
Auditorium de Vaucluse • 961, chemin des Estourans • 84250 Le Thor
Site du théâtre : www.auditoriumdevaucluse.com
Réservations : 04 90 14 07 99
Le 15 décembre 2011 à 20 h 30
30 € | 28 € | 24 €
